C'est autour de ces chiffres alarmants que les experts de ce problème planétaire, militants des droits de l'homme, chirurgiens et militaires, se sont réunis dans la capitale italienne, lors d'un sommet organisé par l'organisation non gouvernementale Peace Generation, qui a été l'occasion pour appeler à bannir définitivement cette arme, dite légère, mais aux effets dévastateurs qui durent des décennies. Malgré l'adhésion de 147 pays à la convention d'Ottawa qui interdit l'utilisation, la production, le stockage et le transport des mines et recommande leur destruction, 40 autres pays, dont les Usa, Israël, la Russie, la Finlande, l'Egypte et la Chine, ne l'ont pas encore fait. Durant la seule année 2004, des victimes des mines ont été signalées dans 58 pays. Un pays comme le Cambodge, qui compte 13 millions d'habitants, enregistre entre 7 et 10 millions de mines disséminées sur ses terres, qui ont fait en 2004 plus de 898 victimes dont 146 sont décédées des suites de leurs blessures. Vu la longue durée prévue pour un déminage total, une dizaine d'année, la longue liste des victimes est appelée malheureusement à s'allonger. Parmi les chirurgiens italiens qui se sont mobilisés pour porter assistance aux victimes des mines, le docteur Lorenzo Borghese, qui a rappelé que l'hôpital pédiatrique Bambinu Gesu de Rome a accueilli et soigné plus de 500 enfants atteints de mutilations dues aux mines. Parmi eux se trouvaient également des patients atteints de graves brûlures et de malformations congénitales au niveau de la sphère craniofaciale, dues aux traumatismes causés par l'explosion de ces engins belliqueux. Le docteur Borghese a annoncé que son établissement hospitalier, en collaboration avec les autorités sanitaires du Cambodge, enverra une équipe pluridisciplinaire qui effectuera des interventions sur place, en attendant qu'une structure chirurgicale pédiatrique à même de traiter 1800 enfants voit le jour dans le pays asiatique. Et si les anciennes guerres ont légué ce funeste héritage aux populations, des conflits récents ne sont pas du reste. Ainsi, le président de l'Association de solidarité avec le peuple sahraoui, Luciano Ardesi, a dénoncé le minage pratiqué par l'armée marocaine autour et au-dessus du mur construit en 1987 et qui divise du Nord au Sud le territoire du Sahara-Occidental. M. Ardesi a souligné le fait que le Front Polisario a détruit en février 2006 tout le stock de mines en sa possession, alors que le Maroc, qui n'a pas encore signé le traité d'Ottawa, continue à user ces armes qui font régulièrement des victimes.