« Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire. » George Orwell. Nous sommes en pleine campagne électorale et beaucoup d'Algériens se sentent perdus devant une énième élection. Au moment où les candidats parlent aux citoyens pour les convaincre, les citoyens parlent aussi entre eux de leur quotidien difficile, d'élections et de candidats. Nombreux, sont qui jugent que les élus sont malhonnêtes, incompétents, dépourvus de pouvoir et même les trois à la fois. Certains qualifient le rendez-vous du 29 novembre de carnaval. Un carnaval qui coutera 31 milliards de dinars au trésor public, soit trois fois plus cher que les élections organisées en France mais pour des élus trente mille fois moins utiles qu'en France. A voir les listes affichées, on trouve de tout sauf l'homme ou la femme qu'il faut pour la tâche qu'il faut. Des opportunistes, des illettrés, des trabendistes, et même des poursuivis en justice qui occupent les premières loges. Dans une commune, un maire sortant qui a un niveau élémentaire a été imposé tête de liste d'un grand parti malgré sa gestion catastrophique des affaires publiques. Il a été plébiscité par des personnes puissantes pour la simple raison qu'il est un docile serviteur. Dans une autre commune, dès que sa tête a échappé au purgatoire de l'administration, un élu sortant, poursuivi en justice pour un scandale financier, a organisé une vraie Waada avec «cavaliers, ghaita et couscous » pour célébrer sa candidature et narguer ses concurrents qui espéraient sa disqualification. A vrai dire, le changement n'est souhaité ni en haut ni en bas. Face au changement de mœurs et de vertus, la société est responsable de ses malheurs. L'élite a, depuis longtemps, déserté le champ politique pour laisser place aux dinosaures, crocodiles et coyotes pour s'enrichir et enrichir leurs proches. Paradoxalement, la personne intègre et compétente est honnis, même par les siens, parce qu'il ne fait pas l'affaire. On dit qu'il a la tête dure et il n'y a rien à gratter auprès de lui (c'est un nul, machi kafaz). Le désiré doit être corrompu, filou et prêt à accomplir les sales besognes, il faut que sa seule raison d'être soit d'assouvir son ventre et son bas-ventre (on dit : Essalek Rassou). Quelle honte ! L'ineptie, c'est de refaire la même chose et d'espérer un résultat différent. Alors, n'espérez pas de miracles car le bon Dieu ne change pas l'état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même.