Grâce à une intense activité des éléments de la Gendarmerie nationale, ce sont pas moins de 4 fellahs qui viennent allonger la liste des auteurs de forages illicites, arrêtés et écroués. Ils activaient dans la région de Bouguirat lorsque les gendarmes les ont interpellés en flagrant délit de creusement de puits destinés à l'irrigation. Après instruction, les 4 mis en cause ont été présentés devant l'autorité judiciaire qui les a placés en détention préventive. Ce n'est pas la première fois que des auteurs de forages illicites sont pris en flagrant délit dans cette plaine intérieure où le niveau de la nappe phréatique a atteint des profondeurs abyssales. En effet, dans toute la plaine qui s'étend entre Aïn Nouissy, Bouguirat, Sirat, Souaflia, Oued El Kheir et Mesra, sur une surface agricole qui dépasse les 20 000 hectares, ce sont les cultures qui prédominent. Jadis, dans la fertile plaine, on cultivait essentiellement de l'olivier, du grenadier et des agrumes. C'est l'assèchement de la nappe qui a entraîné la mort lente des arbres fruitiers qui faisaient la fierté non seulement et l'opulence de cette région, mais de tout le pays.En effet, les vergers d'agrumes et de grenadiers produisaient incontestablement les oranges et les grenades les plus délicieuses du Maghreb. Dans le cercle très fermé de l'olivier, seule la région de Bouguirat pouvait prétendre au label de la fameuses Sigoise. Une reconnaissance que même les plus chauvins oléiculteurs de Sig et de Bou Henni n'ont jamais contestée. Maîtrisant à la perfection l'agriculture irriguée, les fellahs de la région ne se résoudront jamais à la perte de leurs vergers. C'est pourquoi, malgré la rareté de l'eau, les interdictions de l'administration et les lourdes amendes ainsi que les peines de prison, des fellahs persistent à braver l'interdit. Souvent, les interminables champs de pomme de terre et de cucurbitacées ont remplacé les arbres fruitiers, sans jamais parvenir à faire oublier ni les juteuses oranges ni les délicieuses grenades de Bouguirat. C'est ce qui explique la sourde bataille que se livrent les fellahs et l'administration très soucieuse de préserver la ressource hydrique que les fellahs vont désormais puiser dans les profondeurs en allant forer à plus de 60 mètres. Là où, jusqu'à présent, seuls les services de l'hydraulique avaient le monopole. C'est d'ailleurs cette défiance qui fait réagir les autorités qui craignent que la multiplication des forages profonds ne finissent un jour par souiller cette nappe réservée jusque-là à l'alimentation humaine.