Pour la seconde fois en l'espace de quatre mois, Mohamed Benchicou est distingué par un prix international en hommage à son combat pour la liberté de la presse et la liberté d'expression. En attribuant à Mohamed Benchicou le prix de la liberté d'écrire pour l'année 2006, le centre américain Pen a choisi d'honorer un journaliste algérien injustement condamné et arbitrairement détenu depuis 22 mois, lui reconnaissant de facto le statut de détenu d'opinion. Par ce prix, le Pen Club a, par ailleurs, voulu, sans nul doute, réprouver la conduite d'un régime qui veut se parer de toutes les vertus démocratiques dans les tribunes officielles internationales, tout en n'hésitant pas à recourir au mensonge et à la machination abjecte pour avilir un journaliste avant de l'envoyer croupir dans une cellule de prison. Aussi, la prestigieuse distinction tombe-t-elle à point nommé comme pour témoigner de l'écho retentissant de l'affaire Benchicou auprès de l'opinion internationale, en dépit des tentatives obstinées du régime d'imprimer une flétrissure définitive à la réputation d'un journaliste résolument engagé dans le combat pour la liberté d'expression. A ces tentatives, vaines au demeurant, s'est joint de façon aussi inattendue que lamentable l'actuel président du Parlement européen. L'opinion algérienne n'a, quant à elle, jamais douté des motivations politiques qui ont conduit Benchicou en prison et son journal à la liquidation : Le Matin est un journal indépendant, critique et son directeur dérange, agace et « bouscule », par ses seuls écrits, les puissants du moment. C'est cette seule vérité qui a dû guider le choix du jury du Pen Club. Au-delà, la décision de distinguer Benchicou, que la puissante organisation mondiale des écrivains sait persécuté pour ses écrits, est un message de solidarité et de soutien aux écrivains, journaliste, artistes et autres créateurs algériens dont le premier devoir est de défendre la liberté d'expression pour en garantir l'irréversibilité en Algérie. Alger, le 28 mars 2006