Nous voilà en voie de rattraper les pays les plus développés de la planète. Tout au moins dans le partage de certains soucis de santé publique. En effet, l'obésité - cet autre fléau des temps modernes - pointe son nez en Algérie. La sonnette d'alarme est tirée par le professeur Yacine Kitouni de l'hôpital Ben Badis de Constantine. Le service de médecine interne qu'il dirige vient de publier une étude toute chaude : elle a de quoi nous apeurer. L'opération de dépistage de l'obésité a porté sur un échantillon de 878 lycéens. Parmi eux, 12% ont présenté une surcharge pondérale supérieure aux normes. Cet excès de poids est, selon les spécialistes, un indice sérieux qui risque de « muter » en obésité. Dans les pays développés où cette dernière est qualifiée de danger public, le secteur de la prévention de cette maladie se voit offrir des moyens conséquents. Aux USA, c'est un habitant sur cinq qui en est frappé et d'ici une décennie - si la prévention échoue - les experts prédisent un rapport de un sur trois. De quoi immobiliser toute l'économie et la vie sociale du pays, sans oublier les énormes dépenses que nécessite la prise en charge médicale. Un scénario-catastrophe est même envisagé, et il est plausible. Les médecins ont établi le fait qu'il y a une étroite corrélation entre l'obésité et des maladies chroniques, telles que le diabète et la tension. Un cercle vicieux que les progrès de la médecine n'arrivent pas à rompre. C'est à ce niveau de la lutte contre ce genre de maladies qu'intervient l'éducation nutritionnelle en milieu scolaire et pas seulement. Il est à noter - et c'est évident - que les mauvaises habitudes alimentaires des adolescents (et des adultes) remontent à l'enfance. C'est sur cette frange de la population que doivent porter les efforts de prévention et de sensibilisation. En Algérie, le ministère de la Santé déploie à sa manière une stratégie pour améliorer les habitudes nutritionnelles des Algériens. Sur un autre plan, l'éducation nutritionnelle a pénétré les programmes scolaires et c'est une bonne chose. Mais à elle seule, l'école peut-elle régler cet épineux problème ? Les familles et les agents économiques - les industries agroalimentaires - ont leur part de responsabilité. Elles peuvent et doivent jouer un rôle salvateur à plus d'un titre. Un peu partout dans le monde, une prise de conscience voit le jour, y compris chez certains gros industriels. Les législations nationales et internationales s'occupent de plus en plus de réprimer les mauvais comportements (aliments à risques : bonbons, limonades...) Parmi les initiatives dignes d'être évoquées, il y a la Danone National Cup. Cette Coupe du monde de football pour les enfants de dix-douze ans a permis de sensibiliser les enfants aux enjeux de la nutrition en les initiant aux bons réflexes. L'idée est judicieuse d'avoir utilisé le sport le plus populaire au monde en tant que vecteur d'éducation nutritionnelle. Il faut souligner que la pratique sportive est fortement conseillée pour lutter conte la surcharge pondérale. En tout état de cause, toutes les actions qui visent à réduire les risques d'obésité sont indispensables. Il reste que l'éducation nutritionnelle sous tous ses aspects et pas uniquement scolaires demeure le passage obligé d'une prévention digne de ce nom.