Il sera question lors de ce colloque de sociologie, d'économie, d'histoire et de politique. Le thème du changement sera, dès aujourd'hui et durant trois jours, au cœur des débats au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran. Ce centre abritera un symposium intitulé «Algérie : penser le changement. Quels apports des sciences sociales et humaines ?» Une quarantaine d'enseignants et chercheurs algériens spécialistes dans les questions politiques, sociales et économiques prendront part à ce rendez-vous. Un symposium pensé «pour faire des éclairages du seul point de vue scientifique dans une perspective pouvant servir tout autant à la connaissance elle-même qu'aux acteurs sociaux et politiques», expliquent les organisateurs. La rencontre est organisée par le Crasc partenariat avec l'université de Constantine, le Créad et l'Agence thématique de recherche en sciences et technologie (ATRST). Les travaux se déclineront sous divers aspects : il sera question de sociologie, d'économie, d'histoire et bien sûr de politique, mais sous son seul angle scientifique. Les organisateurs avertissent : ils se refusent à «toute ambition de proposition d'action ou de réformes censées générer le changement ou indiquer quelques politiques globales ou sectorielles» Leur démarche s'inscrit plutôt «dans la sphère de la connaissance et de l'éclairage strictement scientifique des débats sociaux». Un des axes les plus importants qui sera soumis à la réflexion : «Le système éducatif constitue le premier fondement du développement. Devenue un facteur directement intégré dans la production de biens et de services, la connaissance est, dans les conditions de la compétition mondiale, au cœur de toute problématique du développement et du changement», est-il souligné dans l'argumentaire de cette rencontre. «Les questions liées à la connaissance sont posées par rapport, notamment, au rôle des politiques publiques (en matière d'éducation et de formation surtout)», est-il encore précisé. De quelle façon les institutions pèsent-elles sur les possibilités du changement politique, social et économique ? Comment le changement institutionnel peut-il avoir lieu dans la diversité des conditions sociales et des opinions des Algériens et de leur aspiration à vivre dans un Etat moderne ? Dans quelle mesure le changement institutionnel peut-il contribuer à la régulation des conflits et tensions ? C'est à ces interrogations et à bien d'autres que ce symposium essayera de répondre. Plusieurs communications sont au menu. Mahmoud Arbia, de l'université d'Oran, évoquera le rôle de l'éducation comme matrice et vecteur de changement social. Abdelkader Djeflat, de l'université Lille I et du Cread, animera une conférence intitulée : «L'économie du savoir et l'innovation : vers quel nouveau régime de croissance en Algérie ?» Nadir Boumaza, de l'université de Grenoble, parlera «du changement, de sa nécessité». Hassan Remaoun, de l'université d'Oran et du Crasc, proposera «quelques éléments pour contribuer à penser le changement sociopolitique en Algérie». Bachir Yellès Chaouch, de l'université d'Oran, évoquera «les réformes institutionnelles et politiques en Algérie, entre espoir et déception». Nacer Djabi, de l'université d'Alger 2 et du Cread, présentera une communication intitulée «Changement politique et générations». Lahcène Zeghdar, de l'université d'Alger 3, axera son intervention sur «le système politique algérien : entre crises et transition». Rachid Tlemçani, de l'université d'Alger 3, présentera une communication qui s'intitule «Etat rentier et corruption». Enfin, Soheïb Bencheikh traitera du «statut de la religion dans l'Etat postcolonial». Les organisateurs estiment que «le champ politique national dans son mode actuel dominant de fonctionnement demeure fondamentalement marqué par un discours tirant toute sa légitimité de la continuité, eu égard au message et à l'action du FLN historique». «Tout se passe comme si dans le domaine politique aussi fonctionnait une logique de rente, d'origine historique, constituée par toute l'accumulation de production symbolique générée à partir de 1954, comme rupture fondatrice», est-il encore souligné dans l'argumentaire de ce symposium. Seront ainsi analysées les réformes politiques, l'articulation entre réforme, changement et alternance, la place des partis politiques dans ces processus ainsi que la question de l'émergence d'une véritable citoyenneté. «Le changement institutionnel (et ses processus sous-jacents) ne peut être que compatible avec la dynamique du changement global», est-il encore affirmé.