A peine arrivée chez moi, épuisée, la nuit tombante, je recommence à penser aux problèmes de transport qui m'attendent le lendemain. Pour une journée de quatre heures à l'université, j'en passe autant dans les bus», c'est en ces termes qu'une étudiante résume sa journée à El Affroun, le nouveau pôle universitaire à Blida. Situé à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Blida, en pleine nature, sur l'autoroute Alger-Oran, ce site offre un minimum de commodités pour les milliers d'étudiants, à majorité féminine, qui le fréquentent quotidiennement. Son éloignement des centres urbains les oblige à utiliser les transports universitaires. Avec l'arrivée des étudiants de la faculté de droit qui viennent de rejoindre le pôle, après des années d'hésitation, les problèmes de transport et de restauration ont été multipliés à El Affroun. Ce pôle abrite aussi la faculté des langues étrangères et celle des sciences sociales. Les chauffeurs nous assurent que le nombre de bus a été augmenté, mais les étudiants pensent le contraire. «Nous avons l'impression que le nombre de bus est nettement insuffisant. Nous sommes des milliers à fréquenter les trois facultés les plus surpeuplées de l'université de Blida». Les bus stationnés à l'entrée du campus sont soumis à des rythmes de rotation imposés, même s'ils sont pleins à craquer, leurs chauffeurs ne peuvent démarrer que sur ordre des agents de régulation. Entassés les uns sur les autres, les étudiants s'impatientent et le font souvent entendre. Des dizaines d'altercations sont enregistrées chaque jour, sans que des solutions définitives soient trouvées. Une fois les portes fermées, les chauffeurs ont pour consigne de ne pas s'arrêter aux arrêts conventionnels. Le bus démarrant du pôle universitaire d'El Affroun ne doit s'arrêter qu'une fois arrivé à l'université Saâd Dahleb, soit une vingtaine de kilomètres sans arrêts intermédiaires. Cela veut dire que les étudiants habitant à mi-chemin sur le même trajet doivent reprendre un autre bus, à leurs frais, pour revenir à leur domicile. Ce long périple de deux heures en moyenne ne laisse plus beaucoup de temps et d'énergie aux malheureux pour étudier. Les enseignants et les administrateurs nous assurent que lors des séances du matin, ils enregistrent des taux anormalement élevés de retards et d'absences. Pour les cours qui prennent fin à 16h30, il n'y a plus grand monde dans les amphithéâtres. Malgré ces dépassements, les étudiants et les enseignants non véhiculés n'ont pas d'autre alternative que d'emprunter ces bus bondés. Les transporteurs privés qui veulent exploiter cette ligne rentable ne peuvent pas apporter leur soutien, vu que «les gendarmes nous interdisent l'arrêt sur l'autoroute, car c'est dangereux», disent-ils. Des solutions peuvent toutefois être trouvées. L'esplanade de l'entrée principale est pourtant vaste, une fois aménagée et dotée de bretelles d'accès réglementaires, elle constituerait un bel espace de stationnement pour les bus publics et privés qui viendraient prêter main forte aux bus universitaires, complètement débordés. Les réponses de l'Onou Selon le directeur des œuvres universitaires de la wilaya de Blida, Hamlaoui Abdelhalim, ses services ont tracé tout un programme pour le transport des étudiants. «Nous allons acquérir 38 nouveaux bus à partir de janvier 2013, afin d'assurer notamment de nouvelles dessertes et multiplier le nombre de rotations», a-t-il déclaré. Et de poursuivre, qu'«il y aura même des lignes directes reliant le pôle universitaire d'El Affroun aux villes de Bou Ismaïl, Koléa, Fouka, Meftah, Hadjout, Hameur El Aïn, Bourkika, Chaïba, Douaouda, Larbaâ et Bougara ».