Des enregistrements téléphoniques explosifs, sur l'implication d'un député proche de l'ex-Premier ministre, Saâd Hariri, dans la livraison d'armes aux rebelles syriens, suscitent la polémique au Liban très divisé sur la guerre civile chez son voisin. Publiées depuis jeudi dans le quotidien Akhbar et sur la chaîne OTV, tous deux favorables au régime syrien, les conversations ont été authentifiées lundi par l'intéressé Okab Sakr, un député chiite appartenant au groupe parlementaire anti-syrien, le Bloc du Futur, dont le chef est le leader de l'opposition sunnite, Saâd Hariri. Les deux hommes se trouvent hors du Liban. Dans l'enregistrement publié jeudi, Okab Sakr parle avec un commandant rebelle de la province d'Alep (nord de la Syrie) qui lui demande d'urgence des armes : «Que Dieu te protège. Tu dois nous aider. Je ne sais pas quoi te dire, mais ce qui est sûr c'est qu'après Dieu, il n'y a que toi». Dans le second enregistrement rendu public vendredi, le député insiste auprès d'un marchand d'armes non identifié : «Nous avons besoin d'armes automatiques, de munitions pour (les mitrailleuses russes) PKC, de roquettes anti-char, de bombes et d'armes de qualité pour Alep, sa province et la province d'Idleb. Nous devons répondre à cette demande le plus tôt possible.» Dans un troisième enregistrement rendu public vendredi, le député parle avec un responsable rebelle chargé de la distribution des armes dans le centre de la Syrie : «Je vais donner les directives aux gars pour augmenter au maximum les quantités d'armes.» Dans la dernière conversation publiée samedi, le député dit à son interlocuteur Louaï Moqdad, qui selon le journal est un porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) et un ami personnel du parlementaire : «ça rend fou le président Hariri, il veut que la victoire aboutisse, il n'arrive plus à dormir. Il suit la situation heure par heure, minute par minute, seconde par seconde. Il veut que le combat aboutisse. Il n'y a pas de place pour un échec.» Dans un entretien, lundi, au quotidien panarabe Asharq al-Awsat, M. Sakr authentifie les enregistrements, mais met hors de cause M. Hariri. Mais ses propos ont mis dans l'embarras ses amis politiques libanais, notamment le «14 mars», coalition regroupant les anti-syriens composée surtout des chrétiens des Forces libanaises et des sunnites du Courant du Futur. Les opposants de Saâd Hariri ne croient pas que le député ait agi de son propre chef.