Le Courant du futur de Saâd Hariri et Washington accusent, à nouveau, la Syrie d'être derrière l'assassinat de Walid Eido. L'insoutenable impasse. Le Liban plongé dans une profonde crise politique et sécuritaire n'en voit pas le bout. Le gouvernement Siniora, affaibli par la démission de six ministres et, aujourd'hui, peu représentatif, semble incapable de maîtriser la déferlante terroriste. La création du tribunal Hariri imposée par une résolution de l'ONU - après recours de la majorité antisyrienne - les attentats à la bombe à Beyrouth, la poursuite, pour la quatrième semaine, des combats meurtriers entre l'armée libanaise et les islamistes de Fatah Al-Islam, retranchés dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, et le dernier assassinat du député sunnite du Courant du futur, Walid Eido, sont autant de facteurs qui renvoient la stabilité politique et sécuritaire au Liban à une date indéterminée. Outre, Walid Eido, 60 ans, qui présidait la commission de la défense au Parlement libanais, son fils aîné, Khaled, deux gardes du corps et deux de ses proches, au total dix personnes ont trouvé la mort dans cette attaque perpétrée dans la soirée de mercredi sur le Front de mer de Beyrouth. Suite à ce meurtre, le ton est de nouveau monté entre Beyrouth et Damas. La majorité parlementaire antisyrienne pointe du doigt la Syrie, l'accusant d'être derrière l'assassinat de Walid Eido. Cette accusation serait fondée sur le fait que Walid Eido est, d'abord, un député antisyrien et connu, notamment pour son franc-parler contre Damas. Troisième député de la majorité parlementaire à être assassiné depuis les dernières législatives de 2005, Walid Eido est membre du mouvement du Courant du futur, dirigé par Saâd Hariri, chef de la majorité parlementaire. Ce magistrat a toujours réclamé le départ des troupes syriennes. Il avait participé à toutes les actions en vue du départ des troupes. Aux yeux des politiques libanais, issus du courant Hariri, la Syrie engage un nouveau cycle de violences qui a pour but de brouiller les cartes au moment de la création du tribunal Hariri, chargé de juger les assassins de Rafic Hariri. Toutefois, ces accusations sont par trop convenues alors que la Syrie avait plutôt intérêt à se faire oublier d'autant plus que la mort de Walid Eido ne change rien à la donne actuelle si ce n'est de remettre Damas au premier plan. Les dirigeants syriens sont-ils suicidaires à ce point? Or, la crise ouverte depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, ne peut se résoudre que par le dialogue de toutes les parties impliquées. A cette crise politique, dont l'issue semble s'être encore éloignée suite aux derniers événements, on notera que le bras de fer entre les islamistes du Fatah Al-Islam et les forces libanaises entre dans sa quatrième semaine. Ainsi, mercredi, deux militaires libanais, dont un officier, ont été tués dans les affrontements autour du camp de réfugiés palestiniens de Nahr Al-Bared, dans le nord du Liban. Hier matin, quatre autres soldats ont été tués. Ces nouvelles victimes portent à 134, dont 67 militaires et 50 islamistes du Fatah al-Islam, le nombre de personnes qui ont péri depuis le début des affrontements. Cette crise politique et la montée des violences dues au terrorisme jihadiste, risquent de mettre à genou l'économie du Liban et fragiliser de plus en plus le pays. Devant cette situation, la communauté internationale s'est mobilisée pour lui trouver une issue. La France a proposé, par le biais de son ministère des Affaires étrangères, la tenue d'une réunion interlibanaise vers la fin du mois. Idem pour la Grèce. La proposition française est soutenue par le ministre grec des Affaires étrangères. De son côté, M.Siniora a demandé une réunion extraordinaire de la Ligue arabe au niveau des chefs de la diplomatie pour qu'elle «assume ses responsabilités envers le Liban». D'ailleurs, le gouvernement de Fouad Siniora a dépêché le chef de la diplomatie par intérim, Tarek Mitri, au Caire pour participer au conseil ministériel de la Ligue arabe, qui se réunissait hier en session extraordinaire. Le Premier ministre, Fouad Siniora, a réclamé la tenue de cette session, pour informer la Ligue arabe que des «renforts auraient été acheminés récemment de Syrie», aux mouvements radicaux palestiniens qui disposent de bases militaires dans la région de la Békaâ, limitrophe de la Syrie, ont rapporté, hier, les agences. Un deuxième dossier porte sur «l'attitude hostile de la Syrie» envers le tribunal international sur l'assassinat, en 2005, de Rafic Hariri, imputé par la majorité parlementaire libanaise à Damas. Mais, le moindre des constats à faire est que le Liban a, plus que jamais, le dos au mur.