C'est ce qu'a déclaré, jeudi après-midi, Olivier Fanon, fils de Frantz Fanon, dans son intervention à la rencontre organisée par la direction de la culture pour la commémoration de la mort du psychiatre, philosophe, écrivain et journaliste, théoricien de la pensée tiers-mondiste et de la décolonisation, combattant et représentant du FLN. Décédé le 6 décembre 1961 à Washington, il a été rapatrié pour être inhumé en Algérie encore en guerre. Il repose depuis 1965 dans le carré des martyrs de la commune de Aïn Karma au sud-ouest d'El Tarf. Olivier Fanon, qui était accompagné de ses deux fils, a expliqué que l'annonce de cette décision prise par la famille est destinée pour couper court aux projets des milieux politiques et intellectuels qui s'agitent pour récupérer la mémoire et l'œuvre de son père dans le but d'une «panthéonisation» de Fanon. Pour le fils de Fanon : «Nous n'avons pas besoin des excuses de la France, nous avons gagné la guerre menée par tous les moyens. Depuis quand demande-t-on à un vaincu s'excuser ? Ce qui n'a rien à voir avec la reconnaissance des crimes commis contre le peuple algérien colonisé.» Une colonisation dont le but, rappelons-le ici, est la dépersonnalisation, comme l'a brillamment mis en évidence le docteur Frantz Fanon, lors de son passage à l'hôpital psychiatrique de Blida de 1953 à 1956. Avant l'intervention d'Olivier Fanon, Mohamed Taïbi, socio-anthropologue à la faculté des sciences sociales de l'université d'Es Sénia d'Oran, Abdelkader Benarab, docteur d'Etat en littérature française à la Sorbonne, auteur d'un ouvrage sur Frantz Fanon et le docteur Chekali Mohamed, spécialiste en psychiatrie à l'hôpital Frantz Fanon de Blida, se sont succédé à la tribune. Ils ont évoqué, chacun selon sa spécialité, les apports de Fanon à la sociologie et à la philosophie, aux lettres et à la politique, à la médecine et aux rapports humains. Abdelkader Benarab dira qu'Edward Saïd, critique, théoricien littéraire et intellectuel palestino-américain (1935-2003), a déclaré que «personne avant Fanon n'avait abordé ces questions de l'histoire sous le point de vue de la violence». Dans la matinée, les invités de cette commémoration et les autorités locales se sont rendus à Aïn Karma pour se recueillir sur la tombe de Frantz Fanon et inaugurer un buste du défunt qui désormais ornera la tombe du "hakim" comme on l'appelle dans la région.