Azzouz Begag, le ministre français délégué à la Promotion de l'égalité des chances (originaire de Sétif), livre, en foulant le sol de ses origines, ses impressions et visions sur les relations algéro- françaises. Quel rôle joue votre ministère dans la gestion de la crise du CPE ? C'est un rôle important puisque derrière le contrat premier embauche, il y a dans cette loi égalité de chances, d'importantes mesures de lutte contre la discrimination et pour favoriser la diversité, notamment à la Télévision française, et dans les entreprises. Ce travail est hélas pour l'instant dissimulé. Ces derniers temps, l'actualité française est marquée par de nombreux actes racistes et antisémites ... Je pense que l'année 2005 a été une année de tranquillité où le nombre d'actes racistes a diminué. Récemment, cela a en effet repris, mais il y a d'une manière générale, un vrai climat de peur, d'insécurité dans ce pays et comme les choses sont pour l'instant compliquées, on peut s'attendre à des frictions entre les différents groupes de populations. Cependant le gouvernement est très attaché à lutter contre les discriminations, contre le racisme et pour les égalités de chances. Pour certains hommes politiques de gauche, cette visite s'apparente à une campagne électorale ciblant la municipalité de Lyon. Non. Il faut tout juste dire à ces hommes politiques qu'il y a quatre ans, je suis venu à Sétif pour enterrer mon père. C'est normal qu'un enfant de Sétif revienne avec le ministre des Transports aujourd'hui en visite officielle pour consolider les liens entre Lyon et Sétif et pour booster d'une manière générale les rapports entre la France et l'Algérie ayant beaucoup d'intérêts communs. Comment vivez-vous le fait d'être un ministre français d'origine algérienne ? Oh, très, très bonne façon. Je remercie beaucoup le Premier ministre Dominique de Villepin de m'avoir fait ce grand honneur, cette grande confiance, d'avoir engagé dans un gouvernement pour la première fois de l'histoire de France, un ministre issu d'un milieu social très pauvre, et issu de l'émigration algérienne particulièrement. Je suis persuadé aujourd'hui que les gouvernements qui suivront, de droite comme de gauche, emprunteront la voie de la mixité, du mélange et de la diversité en politique. Quel effet cela fait-il de se retrouver au pays des ancêtres ? J'entends dans ma tête mon cœur qui bat. C'est un moment historique pour moi. Il l'est aussi pour tous les Français d'origine sétifienne qui sont à Lyon aujourd'hui et qui vibrent aux sons des deux cultures enchevêtrées. Ce premier vol entre Lyon et Sétif va laisser libre champ à une féconde coopération devant raffermir les liens entre les deux rives ayant une histoire commune. Quelle est votre position à propos de la contestée loi du 23 février 2005 ? Je sais que des hôpitaux, des écoles et des infrastructures collectives ont été construites par la France du temps de la colonisation, mais aussi il y a cette violence due à la domination. Donc, j'ai trouvé qu'il était un peu normal que le ministre Azzouz Begag s'exprime à ce moment-là afin de revoir cet article 4 de la loi du 23 février 2005. Je suis très heureux de voir quelques semaines plus tard, le président de la République et tous les Français qui sont tombés d'accord pour revoir ensemble l'histoire et en toute sérénité. Il était donc important de ressouder les mémoires pour n'en faire qu'une seule afin d'avancer ensemble vers un avenir commun.