D'emblée, les avocats de la défense ont contesté la constitution en partie civile d'El Watan et des héritiers de la victime, prétendant qu'ils n'ont aucun dommage dans cette affaire. Le collectif de trois avocats de la partie civile, Me Khaled Bourayou, Me Ali Meziane et enfin Me Zoubeir Soudani, a démontré que la constitution d'El Watan en partie civile est fondée sur les dispositions de l'article 32 de la loi sur l'information 90/07 et celle des héritiers, en tant qu'héritiers légitimes, ils ont tout à fait le droit de poursuivre les faits pour lesquels le défunt avait subis. Le tribunal criminel a délibéré et prononcé la recevabilité de toutes les parties civiles. Globalement, l'audition des accusés recèle beaucoup de contradictions dans leurs déclarations par rapport à l'audition par la police et celle devant le juge d'instruction, notamment sur le fax que devaient envoyer les accusés et portant sur le démenti quant à l'objet de leur déplacement en compagnie de Abdelhaï Beliardouh, voulant ainsi dire qu'ils n'avaient d'autre intention que celle d'envoyer le démenti avec l'aide du journaliste. Cependant, il apparaît dans leur déposition qu'il y avait eu un accord préalable pour aller se saisir de Beliardouh. Dans son audition, Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, a indiqué que dès qu'il avait été informé de cette affaire, il s'est déplacé à Tébessa et a trouvé la victime complètement traumatisée. Il a rappelé ce que subissent les journalistes à travers le monde quand ils touchent aux intérêts de certaines parties ; il a précisé que les faits rapportés par Beliardouh relèvent de pratiques maffieuses. Dans sa plaidoirie, Me Soudani Zoubeir a relevé que les témoins à charge lesquels ont présenté à la police tous les détails de l'enlèvement et la violence qu'a subie Beliardouh ont manifestement fait l'objet de pressions à l'effet de ne pas venir témoigner. Me Soudani a évoqué la preuve que deux témoins oculaires et à charge ne se sont pas présentés devant le juge d'instruction malgré plusieurs convocations. Le juge a été obligé de délivrer des mandats d'amener pour pouvoir les auditionner. Poursuivant sa plaidoirie, il a mis en exergue les contradictions dans les déclarations des accusés avec celles de certains témoins à décharge, qui ont été jusqu'à contredire les premiers, notamment le fait que l'accusé principal, Saâd Garboussi, leur présentait la victime détenue dans sa voiture comme un trophée, en leur disant : «Voici le journaliste qui a écrit un article contre moi dans le journal El Watan.» Ensuite, il fait le lien direct entre la mort de Beliardouh et les faits qu'a subis ce dernier et qui ont manifestement touché à sa dignité et son honneur. Après les plaidoyers des deux autres avocats de la partie civile, Me Bourayou Khaled et Me Ali Meziane, le ministère public a requis 10 ans de prison ferme contre chacuns des quatres accusés.