Tout en estimant que " l'ère du pétrole facile est révolue ", l'ex-ministre algérien de l'Energie, Nordine Aït Laoussine, n'en soutient pas moins qu'à moyen terme, les cours du pétrole devront baisser. Dans une analyse publiée dans la dernière édition de la revue spécialisée " Medénergie ", intitulée le " marché pétrolier en apesanteur : jusque à quand ? ", Aït Laoussine souligne ainsi qu'il est même probable que la baisse des prix se produise de façon brutale, même " si les cours ne devraient pas revenir à l'ancienne norme de 20 dollars ". Qualifiant la situation actuelle du marché mondial, d'état d'apesanteur, l'auteur relève en ce sens qu'un telle situation " ne peut durer éternellement, lorsque de façon inévitable la croissance de la demande finira par être modérée, la capacité de production se développera et que les goulots d'étranglement dans le raffinage diminueront ". Cela étant, signifie-t-il, " le marché restera dans son état d'apesanteur tant que la mentalité de pénurie persistera et que les tensions géopolitiques actuelles ne seront pas dissipées ". Et de relever à ce propos que la principale source d'inquiétude aujourd'hui, quant à la stabilité du marché pétrolier mondial, " vient du Moyen-Orient où la situation s'est aggravée avec le chaos en Irak ". S'ajoute à cela, d'autres sources de " chaleurs ", selon les termes de l'auteur, soit d'autres sources de tensions, dont " les ouragans aux Caraïbes, les menaces de grève au Nigeria et en Norvège, les troubles politiques en Equateur et les incidents de raffineries en Amérique du Nord ". Autant de facteurs qui, selon Aït Laoussine, contribuent à l'état d'apesanteur des prix du pétrole et alimentent ainsi l'angoisse du marché. Etat d'apesanteur Dans cet ordre d'idées, estime-t-il, "des signes indiquent que des prix plus élevés commencent à avoir un impact sur l'économie globale, à modérer la croissance de la demande de pétrole et à stimuler la relance de l'investissement dans l'industrie pétrolière mondiale, aussi bien en amont qu'en aval ". Aussi, " la tension du marché pétrolier devrait s'atténuer de façon graduelle, mais l'inquiétude concernant des perturbations possibles d'approvisionnement persistera pendant quelques temps, étant donné l'environnement géopolitique actuel ". En somme, explique l'auteur, " le processus d'ajustement à un niveau de prix inférieur et plus durable mettra quelques temps à produire ses effets en raison aussi bien des développements du prix à court terme que de l'évolution des tensions géopolitiques qui affectent aujourd'hui les principaux pays producteurs et qui, entre autres forces affectant le marché pétrolier, est la plus difficile à prévoir ". Tout en mettant en avant l'idée selon laquelle le marché observera son état d'apesanteur tant que les tensions géopolitiques ne seront pas dissipées, Ait-Laoussine ne manque cependant pas d'avertir que " les prophéties auto-satisfaisantes fonctionnent dans les deux sens ", ce pourquoi les prix du pétrole baisseront à moyen terme . Il est ainsi question, selon l'auteur, d'un effet inverse, dont " il est difficile de prévoir à quel moment il interviendra ". Néanmoins, explique-t-il, " ce moment arrivera lorsque le consensus d'une vision selon laquelle les prix resteront élevés sera partagée par tous, producteurs, consommateurs et experts. Nous n'y sommes pas encore mais nous n'en sommes pas loin ". Et de soutenir en définitive qu'au moment où, " inévitablement, des signes de recul commenceront à émerger, l'OPEP tentera, probablement, de manœuvrer un atterrissage en douceur vers une fourchette de $ 40-50. Mais, au vu de l'influence dominante du marché à terme, il reste à vérifier si l'Organisation sera en mesure de mieux réussir à endiguer la correction du prix vers la baisse qu'elle ne la fait vers la hausse ".