Les contours de ce qui devrait être le plus grand chantier de travaux publics en Algérie se précisent de plus en plus. Les travaux de l'autoroute Est-Ouest débuteront au plus tard le mois prochain et les aspects tant techniques que financiers du dossier semblent ficelés. Après l'examen des offres techniques examinées en janvier dernier, l'Agence nationale des autoroutes (ANA) vient de passer, la semaine dernière, à une nouvelle étape en procédant à l'ouverture des plis des offres financières présentées par sept entreprises et groupements d'entreprises intéressés par le marché. Selon des responsables au ministère en charge du secteur, les entreprises retenues pour ce projet seront connues d'ici à 20 jours, le temps que la commission d'évaluation reprenne l'étude des offres et annonce officiellement les noms des entreprises retenues. Mais d'ores et déjà, quelques groupements se sont distingués par des offres financières moins chères et moins disantes par rapport à ce qu'ont proposé certaines entreprises internationales. Il s'agit du groupement chinois CSC, CHEC et SETIC, du groupement italien Italia composé des entreprises CMC Todini Pizartti et Impeglio ou encore de l'autre groupement chinois CITC/CRCC. En effet, pour le lot est d'un linéaire de 399 km (de Bordj Bou Arréridj aux frontières algéro-tunisiennes), l'offre financière dudit groupement est d'un peu plus de 175 milliards de dinars, alors que celle du groupement américain par exemple est de plus de 199 milliards de dinars et celle du groupement japonais est de plus de 197 milliards de dinars. Pour ce qui est du lot ouest (de Bordj Bou Arréridj à Chlef sur 169 km), le même groupement a fait une proposition financière la moins disante de plus de 26 milliards de dinars, devançant ainsi les Italiens (plus de 32 milliards de dinars) ou encore le groupement franco-allemand Razel/Vinci Bilfinger (plus de 41 milliards de dinars). Le même groupement chinois a également été le moins disant pour le troisième lot ouest (de Chlef aux frontières marocaines de 359 km). Son offre financière a été de plus de 44 milliards de dinars. Il n'en demeure pas moins que les résultats définitifs ne seront pas connus avant la fin du mois courant après une période de dix jours consacrée aux éventuels recours. Une soixantaine d'échangeurs Il faut savoir à ce propos que l'autoroute Est-Ouest est prévue pour relier les deux villes frontalières El Tarf, à l'extrême est, et Tlemcen, à l'extrême ouest du pays, sur plus de 1200 km. L'infrastructure routière devant répondre aux normes internationales en vigueur dans les pays les plus développés passe par Annaba, Constantine, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Bouira, Boumerdès, Alger, Khemis Miliana, Aïn Defla, Chlef, Relizane et Sidi Bel Abbès. L'autoroute passe aussi par Chelghoum Laïd dans la wilaya de Mila et Mohammadia dans la wilaya de Mascara. Des tronçons routiers sont déjà réalisés et l'autoroute devra les emprunter comme dans la wilaya de Constantine ou Bouira. Il est également prévu une soixantaine d'échangeurs pour la relier au réseau routier existant. Des aires de stationnement, de péage, des stations-service sont prévues tout au long des différents tronçons qui composent le projet. A ce propos, une étude est en cours de réalisation pour déterminer les prix à payer par les usagers de l'autoroute et les parties concernées par le péage. Il reste à savoir si la question des expropriations ne va pas retarder le bon déroulement du projet devant être livré fin 2009. D'autant que certains problèmes ont surgi dans la région de Chlef et Aïn Defla où la question de l'expropriation n'est pas totalement réglée. Il faut savoir à ce propos que le gouvernement a prévu une enveloppe budgétaire conséquente pour indemniser les propriétaires des terrains situés sur le tracé de l'autoroute, et un décret a été élaboré pour répondre aux exigences d'un transfert rapide des biens fonciers concernés par l'implantation et la réalisation des infrastructures d'envergure nationale, comme c'est le cas pour l'autoroute Est-Ouest. Dans ce cadre et tout en sauvegardant les intérêts et les droits des personnes expropriées, le décret consacre la déclaration d'utilité publique par décret exécutif, la prise de possession immédiate des lieux et la suppression de l'effet suspensif des recours introduits en justice. Notons enfin que la réalisation de ce mégaprojet devrait avoir, selon les responsables en charge du secteur, « des retombés économiques bénéfiques » sur l'ensemble de la région nord du pays. Outre la création de près de 100 000 emplois et le désenclavement de plusieurs régions, l'autoroute va permettre « la réduction du temps de parcours entre les villes du nord du pays, ce qui signifie une circulation rapide des biens et des personnes ».