Aucune des parties ne peut l'emporter. C'est ce qu'a affirmé le vice-président syrien Farouk Al Chareh, après 21 mois de conflit en Syrie, où les violences ont franchi, dimanche, un nouveau cap avec des raids aériens menés sur un camp palestinien, à Damas. «Aucune rébellion ne peut mettre un terme à la bataille militairement. Tout comme les opérations des forces de sécurité et des unités de l'armée ne mettront pas un terme à la bataille» non plus, a-t-il affirmé au quotidien libanais pro-syrien Al Akhbar. Le vice-président sunnite, un temps évoqué pour remplacer le président Bachar Al Assad, de confession alaouite, en cas de transition négociée, a appelé de ses vœux un accord «historique» entre les parties. Selon certains opposants, il serait en résidence surveillée à Damas. «Nous devons défendre l'existence de la Syrie et pas mener une bataille pour un homme ou pour un régime», a-t-il ajouté d'après les premiers extraits d'un entretien mené à Damas, il y a deux jours, selon le quotidien. Farouk Al Chareh a assuré, en outre, que les désaccords sur la résolution de la crise en Syrie, qui a fait 43 000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), atteignent le plus haut niveau de l'Etat. «Assad détient tous les pouvoirs du pays (...). Mais il y a des opinions et des points de vue différents dans le commandement syrien. Cependant, ce n'est pas arrivé au point où on peut parler de courants ou de dissensions profondes», a-t-il indiqué. Le vice-président syrien précisera toutefois que «Bachar Al Assad ne cache pas sa volonté d'aboutir militairement jusqu'à la victoire finale (et il croit) qu'après, le dialogue politique sera réellement possible». Lui, en revanche, il se dit favorable à une solution de compromis. En clair, Farouk Al Chareh se démarque du régime de Bachar Al Assad. C'est la première fois qu'un dirigeant syrien de haut rang fait état de telles différences de points de vue au sommet de l'Etat. Et dans un pays autocratique comme la Syrie, il ne peut s'exprimer ainsi sans bénéficier d'appuis importants. Agé de 73 ans, M. Chareh a été pendant 22 ans le chef de la diplomatie syrienne avant de devenir vice-président. Il jouirai actuellement d'un soutien total de l'Iran, principal allié de la Syrie. Téhéran a d'ailleurs présenté hier les détails d'un «plan de sortie» de crise en six points, comprenant «l'arrêt des violences» et un «dialogue national» entre le régime et l'opposition en vue de former «un gouvernement de transition». «Ce gouvernement sera chargé d'organiser des élections libres pour le Parlement, l'Assemblée constituante et la Présidence», selon les médias iraniens.