La victoire du parti israélien Kadima, fondé par Ariel Sharon il y a à peine quelques mois et dirigé par Ehud Olmert, ne laisse paraître aucune perspective de changement dans la politique poursuivie par l'ex-Premier ministre, aujourd'hui toujours dans le coma. Son successeur n'a pas caché qu'il poursuivra l'exécution du plan élaboré par le fondateur de Kadima même s'il est appelé à gouverner avec d'autres formations comme les travaillistes, etc. Dans le discours qu'il a prononcé pour annoncer la victoire de son parti, même s'il a voulu à l'occasion montrer à tous qu'il a changé et qu'il n'est plus aujourd'hui partisan du « Grand Israël », M. Olmert a tout de même réaffirmé ses intentions de fixer, de manière unilatérale, les frontières orientales d'Israël. En d'autres termes : annexer les grands blocs de colonies à l'Etat hébreu et enfermer les Palestiniens dans une multitude de ghettos en Cisjordanie isolés les uns des autres et étroitement contrôlés par l'armée israélienne. C'est donc la poursuite du calvaire pour les populations palestiniennes de Cisjordanie à l'instar du drame vécu par celles de la bande de Ghaza, avec son lot quotidien d'exactions commises par l'armée israélienne. Pas question pour lui bien sûr de renoncer à Jérusalem. En réponse aux propos du futur Premier ministre israélien, le sommet arabe réuni à Khartoum a réaffirmé de manière ferme son total soutien aux Palestiniens et condamné fermement dans une déclaration solennelle, « toutes les mesures ou solutions partielles et unilatérales entreprises par Israël ou qu'il entend entreprendre dans les territoires palestiniens occupés en 1967, y compris Jérusalem ». « Le sommet rejette notamment (...) le plan d'un tracé unilatéral de frontière d'une manière qui (...) rende impossible l'édification d'un Etat palestinien indépendant et souverain. » Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a aussi appelé M.Olmert à renoncer à son plan de séparation. Pragmatique le nouveau Premier ministre, peut-être ? En tous cas, cet ancien partisan du Grand Israël aime rappeler à qui veut l'entendre qu'il doit sa conservation à une simple calculette. « Le moment le plus douloureux de ma vie a été le jour où j'ai découvert que la comptabilité était plus forte que l'histoire et la géographie d'Israël. J'ai découvert (...) que si nous nous entêtions à tout garder, en 2020, il y aurait 60% d'Arabes et 40% de juifs », confie-t-il à des journalistes. Cette révélation le conduira à déclarer en 2003 : « Le jour est proche où une majorité de Palestiniens dira : ‘'Nous ne voulons plus deux Etats. Donnez-nous seulement le droit de vote''. Alors ce jour-là, nous aurons tout perdu. » L'ancien maire de Jérusalem a d'ailleurs pensé depuis cette fameuse « découverte » qu'il fallait tout faire pour que la proportion des Arabes israéliens n'excède jamais les 20 %... Pour lui, c'est là sans doute une question vitale pour la survie d'Israël ? On dit même, que c'est lui qui serait à l'origine du revirement de la position d'Ariel Sharon qui décide en 2004 l'évacuation de la bande de Ghaza. La communauté internationale médusée par ce « revirement » oublie jusqu'à l'existence même de la feuille de route ou encore de l'arrêt de la Cour internationale de justice jugeant illégale la construction du « mur de la honte » par Israël et ordonnant sa destruction... Peu d'observateurs occidentaux avaient relevé les propos à l'époque d'un conseiller de Sharon Don Glasser qui affirmait que « le sens du plan de désengagement est le gel du processus de paix ». « Quand vous gelez ce processus de paix, vous empêchez une discussion sur les réfugiés, les frontières et sur Jérusalem. » Des propos qui résument à eux seuls la démarche des gouvernements israéliens successifs et leur politique de colonisation. Aujourd'hui, alors que l'on s'apprête l'an prochain à commémorer le soixantième anniversaire du partage de la Palestine par l'ONU qui a consacré 44% du territoire de l'ex-mandat britannique aux Arabes, trois guerres israélo-arabes, une politique israélienne d'annexion et de faits accomplis plus tard, les Palestiniens ont été confinés dans moins de 10 % de ce qui leur a été « attribué » et quatre « bantoustans ». Et c'est peu dire que leur territoire a été réduit comme une peau de chagrin.