Le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a assuré jeudi que les élections « se dérouleront comme prévu » le 28 mars prochain, en dépit de l'incertitude liée à l'état de santé d'Ariel Sharon. « Les élections auront lieu comme prévu le 28 mars parce que, de toute manière, la loi israélienne prévoit que s'il arrive quelque chose au Premier ministre et s'il y a un Premier ministre intérimaire, la période maximale où ce dernier peut être intérimaire est de 100 jours », a-t-il expliqué sur la chaîne française d'informations en continu LCI. « Si vous comptez 100 jours à partir d'aujourd'hui, il devrait de toute manière y avoir des élections, comme elles ont été prévues le 28 mars », a précisé Avi Pazner en français par téléphone. Interrogé sur les perspectives de paix, le porte-parole du gouvernement israélien a rappelé : « M. Sharon avait des plans afin de continuer le processus de paix qu'il a commencé avec le retrait israélien de Ghaza. » « Il n'avait pas expliqué précisément comment il allait s'y prendre, mais il avait bien dit que c'était son vœu le plus important de continuer ce processus », a souligné Avi Pazner. « C'est certainement un événement qui touche tout le monde, nous Israéliens, nos voisins palestiniens, le monde arabe, peut-être même le monde entier », a-t-il conclu. Par ailleurs, les sondages créditent Kadima, parti que Ariel Sharon a créé récemment après avoir claqué la porte du Likoud, d'une victoire aux élections anticipées même en l'absence de son fondateur hospitalisé depuis mercredi soir pour une hémorragie cérébrale. Selon une enquête réalisée par l'institut Dialog et publiée jeudi 5 dernier sur le site Internet du quotidien Haaretz, Kadima remporterait entre 38 et 42 sièges sur les 120 du Parlement israélien. Ce n'est en tout cas pas l'avis de Barah Mikaïl, chercheur et spécialiste du Proche-Orient à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) de Paris. « Sharon est l'homme de Kadima, parti qu'il vient de créer. Or celui-ci, crédité jusqu'ici du plus grand nombre d'intentions de vote de la part des Israéliens, doit son succès exclusivement à la personnalité de Sharon, qu'a considérablement popularisé le plan de retrait israélien de la bande de Ghaza de l'été dernier. Kadima, parti qui avait contribué à déplacer le curseur politique israélien vers le centre, survivra-t-il à Sharon ? Rien n'est moins sûr », indique le spécialiste dans un bulletin de l'IRIS. Quant à Ilan Greilsamer, professeur de sciences politiques à l'université Bar-Ilan de Tel Aviv, la fin (politique) de Sharon est déjà consommée. « La perspective qu'Ariel Sharon puisse désormais assumer ses fonctions de Premier ministre et de chef de file du parti Kadima n'est pas réaliste », a-t-il déclaré dans une interview parue jeudi dernier dans les colonnes du quotidien français Libération. Le politologue israélien estime, en outre, que la cote de Kadima « va certainement baisser », même s'il croit que le nouveau parti correspond à ce que pense une grande majorité d'Israéliens. En tout cas, les observateurs sont unanimes : « La personnalité d'Ariel Sharon est le principal argument électoral de Kadima. Privé de son chef, le succès du nouveau parti est incertain », avance-t-on dans les cercles politiques de l'Etat hébreu. Sharon disparu, de nombreux électeurs seraient tentés de retrouver leurs partis traditionnels, le Parti travailliste et le Likoud. En attendant, les « présidentiables » aiguisent leurs armes à l'exemple du patron actuel du Likoud et ex-Premier ministre Benyamine Netanyahu ou encore Ehud Olmert, Premier ministre intérimaire, dauphin de Sharon à Kadima et connu comme étant un farouche partisan de la judaïsation d'Al Qods losqu'il était maire de Jérusalem (1993-2002). Du côté des travaillistes, le bouillonnant syndicaliste Amir Peretz ne cache pas aussi ses ambitions d'être porté à la tête du gouvernement. Sépharade, il est cependant à la tête d'un parti où l'élite ashkénaze détient le contrôle. Son handicap : il n'a jamais occupé un poste ministériel.