Fondé par Ariel Sharon et dirigé par Ehud Olmert, le nouveau parti Kadima aura-t-il les coudées franches, à l'issue de ce scrutin, pour mener à bien sa politique de désengagement unilatéral des territoires palestiniens occupés en 1967 ? L'intérêt de ces élections législatives israéliennes anticipées est de trancher la question du “grand Israël”, qui divise la classe politique israélienne. Eprouvée par les cinq années de la nouvelle Intifadha, la majeure partie des Israéliens a dû renoncer à ce rêve et pencher davantage maintenant vers la solution d'un échange “terre contre paix” avec les Palestiniens. Le scrutin d'aujourd'hui, initialement prévu pour novembre 2006 et avancé par Ariel Sharon après qu'il eut rompu avec le Likoud, constitue en fait un test pour l'électorat israélien, appelé à faire un choix quant à la politique de désengagement unilatéral de territoires palestiniens amorcée par le gouvernement Sharon avec le soutien de l'administration Bush. La confirmation des résultats des sondages, qui donnent la victoire avec une majorité relative au parti Kadima, ouvrant la voie à une coalition avec les travaillistes et le Meretz, laissera le champ libre à Ehud Olmert pour concrétiser son objectif visant à fixer définitivement les frontières d'Israël. Une défaite de Kadima réanimera le Likoud, mis KO par Ariel Sharon, toujours dans le coma depuis bientôt trois mois. C'est une hypothèse difficile à imaginer tant les chances de la droite de renverser la vapeur semblent petites. Le plan d'Ehud Olmert, qui prévoit d'achever rapidement le mur de sécurité séparant le territoire israélien de la Cisjordanie qui servirait de base à la frontière semble avoir séduit la majorité des Israéliens comme l'indiquaient les derniers sondages. D'ailleurs, Olmert s'est attelé à préparer son équipe de gouvernement à trois jours des élections législatives israéliennes. Pragmatique, le nouvel homme fort d'Israël base sa politique sur les simples calculs qui ont balayé son rêve de grand Israël. Ehud Olmert affirme : “Le moment le plus douloureux de ma vie a été le jour où j'ai découvert que la comptabilité était plus forte que l'histoire et la géographie d'Israël. J'ai découvert avec effarement que si nous nous entêtions à tout garder, en 2020, il y aurait 60 % d'Arabes et 40 % de juifs.” Poursuivant sa logique, plus loin, il indique avoir abouti à la conclusion que “le jour est proche où une majorité de Palestiniens dira : "nous ne voulons plus deux Etats. Donnez-nous seulement le droit de vote"”. Alors, ce jour-là, nous aurons tout perdu”. Il n'attend que l'aval des électeurs pour mettre en chantier sa politique de séparation unilatérale, qu'il entend réaliser, non pas avec les Palestiniens, mais avec les Américains. Le dernier sondage, rendu public par la seconde chaîne de télévision israélienne, créditait Kadima de 36 mandats contre 21 pour le parti travailliste mené par Amir Peretz et 15 pour le Likoud de Benjamin Netanyahu. Le parti ultra-orthodoxe Shass ainsi que Israël Beitenou, une formation d'extrême-droite, obtiendraient chacun 11 députés, l'Union nationale associée au Parti national religieux (extrême droite) 9, Meretz (laïc de gauche) 6, la Liste unifiée de la Torah (ultra-orthodoxe) 5, et les trois partis arabes 7. Selon ce sondage, le “parti” des indécis représente l'équivalent de 13 mandats. K. A.