Un avis d'appel d'offres national et international a été lancé, en 2011, pour la fourniture, l'installation et la mise en service de 3204 nouvelles caméras de surveillance Les caméras de la DGSN servent-elles à protéger les citoyens ou à protéger l'Etat ? La criminalité n'a pas cessé. Les accidents de la route n'ont pas aussi baissé. D'ailleurs, y a-t-il quelqu'un derrière toutes ces caméras. On nous dit en outre qu'une infime partie seulement de ces caméras fonctionnent.» Sid-Ahmed Kh., résidant à la place du 1er Mai, où plus d'une dizaine de caméras avaient été implantées par la DGSN, estime que la petite délinquance dans son quartier des HLM n'a pas baissé. Les caméras sont partout : sur les grands boulevards, les rocades, dans les quartiers populaires. Il n'y a pas un endroit à Alger qui ne soit pas équipé de ces caméras. «Certaines caméras sont même fixées sur les façades des immeubles et les résidants en sont très gênés», estime un septuagénaire de la rue Larbi Ben M'hidi. «Veut-on protéger la populace ou se protéger contre ses excès tant redoutés. Mais il faut admettre que chez nous qu' ‘edoula' (Etat) n'en fait qu'à sa guise. Quelle association oserait parler des libertés individuelles ?», s'interroge cet habitant de cette rue du centre-ville, où passée une certaine heure, des délinquants prennent possession des lieux sans craindre «l'œil» de Big Brother, qui se serait endormi sur ses lauriers. Le chiffre de 5000 caméras de surveillance est avancé par certaines sources. En 2006, le responsable de la salle des opérations de la sûreté de wilaya d'Alger (SWA) avait assuré que les caméras couvriront l'ensemble des circonscriptions relevant de la sûreté de wilaya d'Alger, «de Birtouta à Réghaïa». La DGSN muette ! Un avis d'appel d'offres national et international a été lancé en 2011 pour la fourniture, l'installation et la mise en service de 3204 nouvelles caméras de surveillance. Six wilayas pilotes ont été choisies pour le lancement de la vidéo surveillance. Le ministère des Transports s'est impliqué pour l'installation d'un hypothétique système de régulation centralisé. D'aucuns s'interrogent sur l'utilité de la télésurveillance, dont l'adoption au début des années 2000 n'a pas été suivie d'une campagne de sensibilisation en direction des citoyens, qui ont vu fleurir ces gadgets à chaque coin de rue. Lors des émeutes du «sucre et de l'huile» de janvier 2011, des jeunes de Belouizdad, de Bab El Oued et d'autres quartiers populaires s'en sont pris aux équipements installés à grands frais par la DGSN. «J'ai vu des jeunes, à peine sortis de l'adolescence, saccager avec une telle joie la caméra placée au bout de la rue Musset. Il a suffi de quelques minutes pour que le mat qui supporte la caméra tombe sur la clôture du parking de la caserne d'en face», raconte un commerçant de la rue Necera Nounou. Les services de la police ont dégagé le lendemain leur matériel. Une autre a été installée au même endroit, mais avec cette fois un socle en béton. Au-delà de l'assise juridique de ces équipements, la DGSN a-t-elle les moyens de balayer toute cette surface couverte par de nombreuses caméras ? La décision d'extension du réseau a été prise au regard des «résultats probants» réalisés depuis la mise en place du réseau en 2003, notamment en matière de «fluidification et de gestion de la circulation routière et de lutte contre la petite criminalité» à Alger. Selon le responsable de la salle des opérations de la SWA, qui a évoqué, déjà en 2006, l'augmentation des effectifs chargés de la gestion du réseau des caméras de surveillance, et que des délinquants auraient été arrêtés en flagrant délit. La réalité du terrain contredit les assurances des services de sécurité. A Belouizdad, Bab El Oued, Alger-Centre, les chiffres de la petite délinquance n'ont pas baissé. Des vols à l'arraché, par effraction ne se comptent plus. Les caméras ne dissuadent plus personne. Aucun bilan n'a été avancé par le ministère de l'Intérieur qui chapeaute l'opération. En dépit de nos incessantes tentatives, le chargé de communication de la sûreté de wilaya d'Alger, qui nous a promis des détails sur l'opération, est resté muet.