Plusieurs réactions politiques divergentes à Paris ont suivi le discours du président français en visite à Alger les 19 et 20 décembre à propos de la question de la colonisation en Algérie. Le discours d'Alger de François Hollande sur la colonisation française a suscité plusieurs réactions politiques divergentes à Paris, allant de l'extrême gauche à l'extrême droite, en passant par la gauche et la droite. Comme attendu, Harlem Désire, premier secrétaire du Parti socialiste, a salué les déclarations, selon lui, «courageuses» et «historiques» du président Hollande. «Il a su trouver les mots pour évoquer le caractère injuste et brutal de la colonisation française en Algérie et les souffrances qu'elle a imposées au peuple algérien», a déclaré le patron du PS. Et de préciser que dans ce discours il ne s'agit aucunement de «la repentance mais de lucidité sur l'histoire commune de la France et de l'Algérie». Le PS, dont Hollande était pendant longtemps son premier secrétaire, assure que grâce à «ce langage de courage et de vérité» et «un tel acte de réconciliation», la France «se grandit et rayonne». Dans la même aile politique, Jean-Michel Baylet, chef du Parti radical de gauche et membre de la majorité gouvernementale, pense que Hollande «a dessiné les contours d'un chemin de réconciliation et d'avenir pour la France et l'Algérie fondé sur la connaissance d'une histoire partagée». Un peu plus à gauche, le Parti communiste a critiqué la vigilance de François Hollande dans le choix des mots prononcés dans son discours devant les parlementaires algériens, les qualifiant de «termes mesurés». Néanmoins, le PCF a reconnu que ce discours est «un pas en avant dans la reconnaissance de la vérité sur le colonialisme français en Algérie, en rappelant les violences, les massacres et les tortures qui ont marqué la politique coloniale». A droite, l'ennemi numéro un de l'Algérie révolutionnaire, Gérard Longuet, s'est prononcé en faveur du colonialisme sur la chaîne Public Sénat, en disant que le colonialisme a eu «un bilan positif». «Je crois que c'est un exercice périlleux et parfaitement inutile de prétendre, dans une intervention de quelques dizaines de minutes, traiter et épuiser un sujet aussi complexe que l'aventure coloniale française», a estimé le député UMP. De son côté, Lionnel Luca, autre député UMP, est convaincu que Hollande s'est «repenti» à Alger. «La reconnaissance est la version light de la repentance pour mieux tromper l'opinion», a-t-il rétorqué. Cette vision est entièrement partagée par le Front national. «Il rabaisse au maximum son propre pays. Dans son discours, il a appelé ça de la vérité, mais pour moi, c'est de la repentance pure et simple. Ça a l'odeur, ça a le goût et ça a la couleur de la repentance. C'est donc de la repentance», a affirmé son vice-président, Florian Philippot, sur BFM-TV. Dans un communiqué, le FN a tiré à boulets rouges sur François Hollande. C'est «un discours qui a revisité l'histoire dans le sens d'une violente charge contre la France. Rien sur les aspects positifs de la colonisation, rien non plus sur les crimes algériens contre les harkis, mais une nouvelle dépréciation systématique de notre pays, de notre histoire et de notre peuple». Le parti de Marine Le Pen fustige globalement la visite du président français en Algérie. «Il condamne triplement notre pays, l'abaissant encore un peu plus sur la voie de la repentance d'abord, de l'immigration massive ensuite et des délocalisations enfin», lit-on encore dans le même communiqué.