L'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, s'est entretenu hier avec Bachar Al Assad à l'occasion d'une visite-surprise à Damas. «J'ai eu l'honneur de rencontrer le Président et comme d'habitude, nous avons échangé nos vues sur les nombreuses étapes à entreprendre pour l'avenir», a-t-il déclaré à la presse. L'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe souhaite que toutes les parties en Syrie parviennent à un accord pour mettre fin à une situation qu'il a, à nouveau, qualifiée d'«inquiétante». M. Brahimi a également rendu compte au président syrien de ses récentes rencontres avec divers responsables politiques, notamment américains et russes. Les premiers appellent, rappelle-t-on, au départ de Bachar Al Assad alors que les seconds soutiennent le régime de Damas. Pour sa part, Al Assad a affirmé que le gouvernement syrien tient à la réussite de tous les efforts en faveur de l'intérêt du peuple syrien et qui respecte la souveraineté du pays. M. Brahimi avait auparavant abordé avec le vice-ministre des Affaires étrangères syrien, Fayçal El Mokdad, les moyens de résoudre la crise. Selon les médias, il a suggéré dimanche au vice-ministre, «la mise en œuvre d'un gouvernement ayant de larges prérogatives et l'engagement du président syrien de quitter le pouvoir en 2014 sans avoir à se présenter une autre fois comme candidat à la présidentielle». Pour le moment, la Syrie n'a pas encore fait connaître sa position à l'égard de cette proposition que des spécialistes qualifient de «dernière chance». Le ministre syrien de l'Information, Omrane Al Zohbi, a néanmoins réitéré son appel au dialogue, estimant que «le temps presse», mais que «son pays surmonterait la crise et vaincrait l'agression étrangère». Le ministre a souligné que «seuls les Syriens participeront à ce dialogue national», accusant «la Turquie et le Qatar de soutenir» les groupes armés considérés par Damas comme des «terroristes». Les inquiétudes de l'Algérie Interrogé sur la position de l'Algérie face à l'aggravation de la crise en Syrie, un haut responsable algérien a affirmé que «face à l'exacerbation de la violence et les risques de fractures interconfessionnelles qu'elle fait peser non seulement en Syrie mais sur l'ensemble de la région, nous nous préoccupons plus de l'avenir de la Syrie, de sa souveraineté et de l'unité de son peuple que du sort du régime syrien car l'Algérie ne soutient pas une partie contre l'autre dans cette terrible épreuve». La même source a insisté sur l'idée que l'Algérie – qui est membre du comité arabe de suivi de la crise syrienne – «est pour l'arrêt urgent de la violence, d'où qu'elle vienne, pour mettre fin à une guerre civile alimentée par des interférences étrangères». «Nous soutenons fermement les efforts de M. Brahimi visant à trouver une solution politique à même d'amorcer une transition répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien à la liberté, la démocratie et le développement», a ajouté ce haut responsable algérien. Lors de sa dernière visite à Damas, du 19 au 24 octobre, le médiateur onusien avait déjà rencontré le président Bachar Al Assad ainsi que plusieurs hauts responsables syriens. Sa visite avait permis de négocier la mise en place d'une trêve pour la fête de l'Aïd El Adha, fin octobre. Mais le cessez-le-feu avait volé en éclats au bout de quelques heures. Des djihadistes prennent un village alaouite Sur le terrain, 198 personnes dont 120 civils ont péri dimanche, jour de l'arrivée de Lakhdar Brahimi à Damas. L'information a été communiquée par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins civils et militaires à travers le pays. Parmi eux, 60 sont morts devant une boulangerie de Halfaya, dans la province de Hama, les militants et l'opposition dénonçant un «massacre» de l'aviation, tandis que l'agence officielle Sana affirmait que les troupes étaient intervenues après une attaque de «terroristes», terme par lequel le régime syrien désigne les rebelles. Les «terroristes» ont ensuite «tourné des images pour accuser l'armée syrienne au moment où l'émissaire international Lakhdar Brahimi arrivait en Syrie», poursuit l'agence, qui ne fait pas état de l'intervention de l'armée de l'air. Des djihadistes ont, par ailleurs, pris hier une grande partie d'une localité alaouite, la minorité religieuse dont est issu le président Bachar Al Assad, dans la province de Hama dans le centre de la Syrie, a rapporté l'OSDH. Onze combattants du Front Al Nosra, de la brigade Ahrar Al Cham et de la brigade Ahrar Al Achaïr ont péri lors de combats dans la localité de Maan, selon l'OSDH, qui fait également état d'un premier bilan de 20 morts dans les rangs des troupes régulières. Les insurgés ont récemment multiplié les attaques dans la région de Hama, où coexistent de nombreuses communautés. Samedi, un autre bataillon islamiste avait menacé d'attaquer deux villages chrétiens à une vingtaine de kilomètres de Maan si leurs habitants n'en délogeaient pas l'armée et les miliciens du régime.