Le Festival d'Oran du film arabe s'est terminé depuis une huitaine de jours et la sauce n'a toujours pas pris. Difficile de ne pas prendre du recul tout en maugréant quelques insanités face à cette mascarade festivalière, la plus catastrophique depuis 6 ans, depuis sa première édition en 2007. A qui la faute ? Au ministère de la Culture, au wali d'Oran, aux administrateurs du cinéma algérien tels que la Cinémathèque, voire le CNCA. On pourrait tous les accuser histoire de ne pas trop se mouiller. On pourrait, mais on aurait tort. Car dans cette histoire qui dure trop longtemps, il est fort probable que la culpabilité soit devenue une affaire collective, un groupe qui n'a pas su ou qui ne veut plus faire changer les choses. Je vois déjà poindre les critiques, les détracteurs et autres fonctionnaires de la médiocrité. Je sens déjà les corps de mes «ami(e)s» se rapprocher de moi, me prenant pas les épaules pour me calmer. Je vais vous donner un exemple assez représentatif de la boue dans laquelle nous sommes fourrés. Où étions-nous quand l'ancien directeur de la Cinémathèque, Boudjemaâ Karèche, se fit renvoyer manu militari dans sa retraite de la Madrague ? Pourquoi n'avons-nous pas pris d'assaut les murs de la Cinémathèque pour exprimer notre mécontentement ? Pourquoi n'avons-nous pas créé dans la foulée un comité où seraient «logés» les artistes souhaitant défendre la cause «Boudj» ? Que s'est-il passé dans nos esprits pour sombrer dans la lâcheté et l'égoïsme les plus primaires et finalement trahir le cinéma ? 2012, Oran, le Festival du film amazigh, les productions algériennes, le manque d'industrie cinématographique, nous avons le cinéma que nous méritons. Nous avons été incapables de faire ce que les cinéphiles français avaient su faire en 1968 lorsque Malraux tenta d'évincer Langlois de la direction de la Cinémathèque parisienne. La suite eut raison en faveur du père Langlois. Quand Boudj est «parti», nous n'avons pas réagi ! Nous avons été muets. Aujourd'hui, nous le sommes encore. What else !