«Je ne comprends pas pourquoi on est aujourd'hui blâmés !», s'étonne une enseignante de l'Ecole nationale supérieure des vétérinaires d'Alger. Elle et des collègues tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme suite aux sanctions prises à leur égard par le nouveau responsable de l'école. En effet, le directeur a promis aux étudiants, surtout à ceux qui sont en 4e année, de les faire passer en 5e année, y compris ceux ayant une note éliminatoire. «Il a fait cela pour gagner la sympathie des étudiants, révèle une enseignante qui a 35 ans d'expérience dans le domaine de l'enseignement. Je suis la plus ancienne ici, je connais bien ces pratiques. Comment peut-on racheter les étudiants qui ont échoué aux rattrapages ?», s'exclame-t-elle. De son côté, le directeur s'en est pris aux enseignants qui ont contesté sa décision d'organiser une autre session de rattrapage (29 octobre - 4 novembre). «Il a sali nos dossiers parce que nous avons refusé de transgresser la réglementation ! Malgré le fort taux de réussite caractérisant cette école depuis des années, le nouveau directeur voulait à tout prix atteindre les 100%, pour des raisons personnelles. Je ne sais pas ce qu'il a derrière la tête !», s'étonne cette enseignante. Illégal Quand ces enseignants ont refusé de participer à ce jeu «illégal», le directeur les a sanctionnés en organisant le «rattrapage des rattrapages» avec d'autres enseignants, qui ne sont même pas spécialistes. Une fois les examens finis, certains se sont retrouvés avec des notes catastrophiques, ce qui a «affolé» le directeur. Quand les étudiants se sont aperçus qu'il n'a pas tenu sa promesse, ils ont eu recours à la violence en l'empêchant d'accéder à son bureau. De ce fait, le premier responsable de l'école a trouvé une solution pour leur revendication unanime. «Il a rassemblé les professeurs avec lesquels il a concocté les sujets, et ce, pour gonfler les notes des protestataires», dénonce une autre enseignante blâmée. Le premier responsable de cette école échappe toujours à l'impunité de la tutelle. «Où est le ministère ? Pourquoi nous avons droit à un tel traitement ?», se demandent les enseignants en question, humiliés. «Nous avons à maintes reprises interpellé le ministère. En vain. Les autorités espèrent relever le niveau de l'enseignement, alors que nous, nous payons, aujourd'hui, le prix cher pour ne pas avoir transgressé la loi. Je trouve cela paradoxal !», explique la même interlocutrice, consternée, sous le couvert de l'anonymat, avant d'ajouter : «On ne demande de la tutelle que de revoir notre cas et mettre fin à ce genre de dépassement.». Le directeur de cette école a refusé de s'expliquer sur cette situation en précisant que «si les professeurs avaient raison, ils auraient obtenu gain de cause de la tutelle». Par ailleurs, une source proche de cette école nous a révélé que «ces professeurs sont des manipulateurs et ils veulent à tout prix avoir la tête du directeur».