Amara Benyounès, a qualifié la nouvelle ville Ali Mendjeli de «véritable catastrophe» Depuis le lancement, au début des années 2000, des premiers projets d'habitation sur le site de l'actuelle nouvelle ville Ali Mendjeli, située à 25 km au sud-ouest de Constantine, dépendant administrativement de la commune d'El Khroub, l'opération n'a cessé d'alimenter les débats durant toute une décennie. Une période durant laquelle de nombreuses anomalies ont été soulevées, alors que les résidants, «déportés» des quartiers et des bidonvilles de Constantine, ne cessent de déplorer le mauvais cadre de vie dans lequel ils ont été confinés. Pour l'histoire, il a été question, à l'origine, de créer un pôle urbain dont l'architecture s'inspire de celle du centre-ville de Constantine, avec tous les aménagements nécessaires. Selon des documents de la Direction de la planification et de l'aménagement du territoire (DPAT), l'idée de la nouvelle ville a été développée au début des années 1980, lors de l'étude du groupement d'urbanisme qui a été achevé en 1982 et approuvé en 1988 par arrêté interministériel sous le n°16 du 18 janvier 1988. Il s'agissait, pour les autorités de l'époque, de trouver des terrains pour la réalisation des programmes de logement et faire face à une crise qui s'accentuait. «Seulement au départ, les autorités qui se sont contentées de faire dans le chiffre, n'ont pas fixé les objectifs primordiaux dans ce type d'opération, c'est-à-dire le choix du type d'urbanisme pour cette nouvelle ville, en fonction des besoins à déterminer et quel serait le rôle de ce pôle dans l'avenir», nous dit Azzedine Belahcène, architecte et président du conseil local de l'Ordre des architectes de la région de Constantine. Finalement, ce sera El Hachemi Djiar (ex-ministre de la Jeunesse et des Sports), wali de Constantine de 1991 à 1993 qui, en 1992, engagea le pari en donnant le feu vert à cette nouvelle concentration urbaine, dont le périmètre sera approuvé en 1998. Le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, Amara Benyounès, en visite mardi dernier à Constantine, a été le premier membre du gouvernement à avoir qualifié la nouvelle ville Ali Mendjeli de «véritable catastrophe» sur le plan urbanistique, bien entendu. Il a eu le courage de le dire, bien qu'auparavant plusieurs architectes, urbanistes et autres spécialistes en aménagement n'ont cessé de dénoncer les choix irréfléchis des responsables à différents niveaux. «C'est une entité qui ne répond à aucun élément d'urbanisme, contrairement à ce qui a été fait, par exemple, lors de la construction de nouvelles cités à El Khroub et Aïn S'mara», avancent des spécialistes. Une ville-dortoir Répartie sur environ 150 hectares en une vingtaine d'unités de voisinages (UV), la nouvelle ville Ali Mendjeli devra recevoir 54 000 logements pour une population estimée à plus de 335 000 habitants. Une population privée, à ce jour, de plusieurs équipements nécessaires. «Nous n'avons même pas de jardin, ni d'espace vert, ni de lieu de détente. Il n'y a pas d'arbres, alors que les bâtiments poussent comme des champignons, partout on ne voit que des terrains vagues, des chantiers et des montagnes de gravats. Les routes sont en très mauvais état, cela sans parler du calvaire que l'on vit au quotidien à cause d'un déficit en moyens de transport», déplorent des habitants. Ces derniers ont beaucoup de choses à dire, dès qu'on leur donne la parole. «Figurez-vous qu'après dix ans d'existence, il n'y a pas d'éclairage public, surtout aux unités 7 et 8. Certains endroits sont devenus de véritables coupe-gorge», affirment des jeunes. Le bilan est peu reluisant en matière d'infrastructures de base. Des dizaines de projets, programmés dans les différentes unités, n'ont pas été réalisés à ce jour. «On nous a promis pas mal de choses, alors qu'on n'a même pas un marché de fruits et légumes, pas de boulangeries, et sans parler de salles de soins et certains services, comme ceux de la poste, Sonelgaz et des eaux», ajoutent-ils. En matière de distraction, c'est le désert cosmique. Pas de théâtre, ni de cinéma ou d'autres moyens de loisirs. «Même les terrains de jeux, les stades et les salles de sport sont insuffisants», notent certains jeunes. En octobre de l'année écoulée, le wali de Constantine, Nouredine Bedoui, qui s'est rendu sur les lieux et a rencontré la population, a fait un constat amer de la situation. Ce qui l'amènera à lancer une réflexion sur un véritable plan d'urgence au profit du site Ali Mendjeli. Un programme de mise à niveau, pour rattraper un important retard en matière d'équipements, a été décidé par les autorités, avant de le proposer au gouvernement. On saura, à ce sujet, qu'une enveloppe de 18 milliards de dinars sera consacrée à ce plan d'urgence, considéré comme un véritable défi. Pour Amara Benyounès, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, un appel d'offres sera lancé incessamment pour la concrétisation de ce programme, après avoir fait un point de situation sur l'état des projets. Ce qui devra se faire dans les prochaines semaines. Une note d'espoir pour les habitants de la cité Ali Mendjeli, qui attendent toujours de voir le bout du tunnel.