L'opération s'est soldée par le décès d'une dame (l'épouse d'un djihadiste), d'un soldat des forces de sécurité et l'arrestation de quatre recherchés ; l'un d'eux a été grièvement blessé. Des armes et des munitions ont été saisies. La confrontation a éclaté lorsque l'un des djihadistes visés a ouvert le feu sur la patrouille qui avait investi sa demeure, provoquant la riposte des agents. Tunisie. De notre correspondant L'échange de tirs a entraîné le décès sur les lieux de l'épouse du recherché qui a été, lui-même, grièvement blessé et transporté à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires. Son arme, une kalachnikov, a été saisie ainsi qu'une grande quantité de munitions. Dans le cadre cette opération de poursuite des réseaux djihadistes en Tunisie, un autre fusil-mitrailleur kalachnikov a été saisi. Trois autres personnes recherchées ont été arrêtées. Selon des sources proches de l'opération, il s'agit de la traque du réseau qui vient d'être découvert par les services du ministère de l'Intérieur et qui essaie d'implanter une section d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) en Tunisie sous l'appellation «cellule Okba Ibnou Nafaâ». Le ministre de l'Intérieur, Ali Laâreyedh, avait annoncé, lors de sa conférence de presse du 21 décembre, que «16 éléments avaient déjà été arrêtés et que 18 autres étaient toujours recherchés». Les personnes arrêtées lors de la descente de Douar Hicher feraient vraisemblablement partie des djihadistes recherchés, même si le communiqué du ministère de l'Intérieur n'a pas donné de précision. La cellule «Okba Ibnou Nafaâ» d'AQMI Sur place, un voisin raconte, sous le couvert de l'anonymat, que la descente effectuée par les forces de l'ordre durant la nuit de samedi à dimanche, visait deux maisons dans la région de Douar Hicher. Dans la première maison, les agents ont appréhendé trois individus et saisi un fusil-mitrailleur de type kalachnikov, tandis que dans la seconde maison, les agents ont eu la surprise d'être accueillis par des tirs en rafales. Ils ont dû riposter, provoquant le décès de l'épouse du suspect et blessant ce dernier. Il s'agit de Ridha Sebtaoui, toujours selon la même source. Sebtaoui est un quadragénaire qui a quitté la Tunisie pour l'Allemagne au cours des années 1990. Il était connu de la police allemande comme faisant partie d'un réseau international de trafic de voitures, notamment avec la Bosnie. Son fichier indique par ailleurs qu'il s'était entraîné à l'utilisation des armes dans les camps de Bosnie. Il est connu aussi pour son activité avec le réseau salafiste de la région de Douar Hicher. Au moment de l'assaut de samedi soir, il était en compagnie de ses «deux épouses», dont l'une est allemande convertie à l'islam et l'autre, tunisienne, a été tuée dans l'échange de coups de feu. La zone de Douar Hicher est connue pour la forte présence des salafistes. Elle a déjà été le théâtre de confrontations avec les forces de l'ordre, fin octobre dernier, qui se sont soldées par le décès de deux salafistes, dont le muezzin de la mosquée Ennour de la région, suspectée d'être une cache d'armes. Prise de conscience En revenant sur lesdits événements dans un entretien accordé à la chaîne satellitaire Al Arabiya le 8 novembre dernier, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, avait dit qu'il s'agissait «des prémices de l'instauration d'un émirat islamiste comme cela s'était passé en Afghanistan et en Irak». M. Jebali avait alors fait savoir que l'Etat ne resterait pas sans réaction et qu'il n'était pas exclu qu'il investisse même les mosquées, du moment qu'elles se sont transformées en dépôt d'armes. Après les dernières arrestations à Jendouba, Bouchebka et, avant-hier, à Douar Hicher, et les caches d'armes découvertes un peu partout en Tunisie, il est clair que le salafisme djihadiste est déjà actif et posséderait même des relais aux portes de Tunis. Par ailleurs, un mystère entoure la mort annoncée avant-hier du sergent de l'armée nationale, Badr Telili, suspecté par la sécurité militaire d'être complice avec les djihadistes. Donc le djihadisme possèderait même des relais aux portes de Tunis et dans l'armée. Le ministère de l'Intérieur est sur le qui-vive. Il suffit de voir les contrôles armés à tous les rond-points autour de Tunis pour comprendre que le pouvoir est maintenant conscient du danger salafiste djihadiste et a rompu avec les thèses de Rached Ghannouchi qui, longtemps, ont minimisé ce danger. «Les salafistes sont nos enfants, ils annoncent une nouvelle culture», a souvent répété le leader d'Ennahda. Malgré la récente prise de conscience de ce danger récurrent, jusqu'à quel point le retard dans la réaction gouvernementale en a-t-il handicapé l'efficacité ?