La Tunisie serait-elle en passe de basculer dans le terrorisme ? Tout porte à croire qu'il ne s'agit plus, aujourd'hui, d'actions intempestives comme ce fut, jusqu'ici, le cas, mais bel et bien d'un terrorisme organisé, nourri, sans doute, par l'abondance des armes provenant de la Libye. Le ministre tunisien de l'Intérieur, Ali Laarayedh, a annoncé, vendredi, l'interpellation de seize hommes faisant partie d'un groupe lié à al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans deux villes de l'ouest de la Tunisie, Kasserine et Djendouba. Huit personnes ont été interpellées, appartenant à la phalange Okba Ibnou Nafaâ (chargée de l'embrigadement et l'enrôlement de jeunes islamistes) par les forces de sécurité. Le groupe est soupçonné d'avoir tué un gendarme le 10 décembre dernier. Des munitions, des explosifs, des jumelles, des cartes militaires et des tenues de combat ont été saisis. Des complices, ayant assuré le ravitaillement du camp implanté sur le Mont Chaâmbi, ont été également arrêtés. Selon le ministre, la création d'un camp d'entraînement militaire a été planifiée par le groupe qui a pour objectif de mettre sur pied « une organisation djihadiste capable de mener des actions violentes afin d'imposer la charia' ». Dans la région de Djendouba, huit autres extrémistes, parmi lesquels trois Libyens, ont été appréhendés tandis que les forces de l'ordre recherchaient encore des éléments retranchés sur les hauteurs nord de Aïn Drahem. « La plupart des armes et munitions saisies proviennent de la Libye », a assuré le ministre. Parmi les personnes appréhendées, sept ont été déférées devant la justice. Accusé par l'opposition de laxisme vis-à-vis des extrémistes salafistes, auteurs de plusieurs violences, le gouvernement tunisien, dominé par le parti islamiste Ennahda, reconnaît le danger incarné par un terrorisme qui prend de l'ampleur. M. Laarayedh a indiqué que certains parmi les jeunes interpellés ont participé à des manifestations de Ansar Charia, groupuscule dont le chef, Abou Iyadh, est l'organisateur présumé de l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis à Tunis qui avait fait quatre morts, le 14 septembre dernier. Une attaque que les Américains n'entendent pas laisser sans suite. Ni celle d'ailleurs de Benghazi en Libye qui a coûté la vite à leur ambassadeur. Des agents du FBI ont procédé, vendredi, à l'interrogatoire, à Tunis, du Tunisien Ali Harzi pour son rôle présumé dans cette affaire.