La crise majeure qui s'est emparée du Rassemblement national démocratique (RND) a finalement eu raison de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, quelques semaines après son départ «forcé» du Palais du gouvernement. Le départ, certes inattendu de l'ex-Premier ministre, ne laisse pas sans poser de questions sur son avenir politique. «Eviction» éliminatoire pour la présidentielle de 2014 ou mise «en réserve de la République» ? Au lendemain de l'annonce de la démission d'Ahmed Ouyahia de son poste de secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), les réactions se font conciliantes, discrètes et pondérées, voire prudentes. «Notre unique objectif était que le RND revienne sur les rails qui lui étaient assignés. La direction actuelle était dans l'obligation de revenir à une gestion plus saine et démocratique du parti ou de partir. M. Ouyahia a fait son choix», commente ainsi Tayeb Zitouni, ancien maire d'Alger-Centre et membre de la coordination du mouvement de sauvegarde du RND. Le mot d'ordre dans ce parti au lendemain de cette annonce est «la mobilisation et l'unité» dans les rangs des cadres et militants du RND. «Cette décision personnelle et souveraine qu'a prise M. Ouyahia vise à renforcer les rangs du RND et réinstaurer la cohésion et la stabilité de cette formation», explique quant à lui Miloud Chorfi, porte-parole du RND. Pourtant, l'incertitude et le flou planent sur l'avenir, immédiat du moins, de la formation politique. Qui prendra la tête du parti ? Et qui le mènera «à bon port» jusqu'à la tenue de son prochain congrès ? Un conseil national avait été convoqué, avant la démission du SG, pour les 17, 18 et 19 janvier. «La prochaine session du bureau national étudiera la désignation d'un secrétaire général intérimaire, qui aura pour tâche de continuer à gérer les affaires du parti jusqu'au congrès qui avait été fixé pour le mois de mai prochain», avance M. Chorfi, citant la lettre de M. Ouyahia aux militants. Et si pour ce dernier le maintien de ces dates pour la tenue du conseil est évident, ce n'est pas le cas pour «l'autre camp». «Il est démissionnaire et ne peut donc pas décider d'une quelconque feuille de route pour le parti. Et personne ne peut affirmer que le conseil se réunira comme prévu», contredit M. Zitouni. Il préconise donc la «concertation». Quel avenir pour le RND et pour Ouyahia ? «Il est impératif de redonner la parole aux militants et à la base qui doivent ouvrir le débat afin de décider de l'avenir de notre parti, et ce, dans la stabilité», poursuit-il. Et qui est pressenti pour prendre en main cet «avenir» ? Même si l'on ne s'avance pas trop, la balance pencherait dit-on du côté des «redresseurs». Il est impossible de le dire pour l'heure, mais les «contestataires» sont majoritaires au sein de la base du RND, et nous comptons de nombreuses figures de proue, ministres, cadres compétents. «Personnellement, et de prime abord, je pense qu'éthiquement l'option Yahia Guidoum est la plus probable, tant pour sa personnalité que pour son parcours et apport au RND», affirme M. Zitouni. «Une chose est sûre, après sa victoire aux sénatoriales, le RND sera la première force du pays maintenant débarrassé de cette direction», conclut-il. M. Ouyahia a-t-il sauvé le RND ? Et si la sauvegarde du parti n'était pas l'unique motivation de ce retrait ? Présenté comme un «présidentiable», le flou plane plus que jamais quant à son avenir politique. Tout comme cela avait été le cas lors de son «éviction» du poste de Premier ministre, l'interrogation demeure. A-t-il été «lâché» et «mis au placard», ou libéré afin de satisfaire une présumée intention présidentielle ? La même question se pose aujourd'hui. Sa démission est-elle vraiment le signe d'une fin de parcours, ou un positionnement dans les starting-blocks de 2014, soulagé de la gestion d'un parti, mais aussi et surtout de la contestation interne que l'on connaît ? Les mois à venir nous le diront…