Après avoir distribué à tort et à travers des espaces fonciers urbains d'une valeur inestimable, la collectivité veut à présent s'approprier les terrains d'entreprises publiques même en activité. Ainsi, 80 travailleurs du centre de transport et de maintenance de la SNTR de Chlef ont été mis, hier, à la porte suite à l'exécution d'une décision de la chambre administrative ordonnant l'évacuation des lieux à partir de ce jour, suite à l'action engagée par la direction des Domaines de la wilaya. Selon un responsable des services des Domaines rencontré sur les lieux, cette action fait suite à une recommandation d'une commission de la wilaya qui avait décidé en 2002 de récupérer ce bien au motif qu'il est « un patrimoine de la collectivité et qu'il doit être utilisé pour les besoins d'un équipement public ». Lequel ? Notre interlocuteur n'en dira pas plus. Toujours est-il qu'un huissier de justice, accompagné des éléments de la police et de ceux de la police urbaine et de l'environnement de l'APC de Chlef, s'est présenté, hier, au siège du centre de la SNTR pour faire exécuter le jugement définitif rendu par la cour de Chlef en date du 12 juillet 2005. Il a ordonné aux 80 travailleurs en place de quitter immédiatement le centre et a accordé un délai de huit jours au responsable de l'infrastructure pour le vider des engins et du matériel s'y trouvant. Les malheureux employés n'ont opposé aucune résistance et ont fini par s'exécuter tout en dénonçant la décision des autorités locales. « Où allons-nous ? Pourquoi veut-on nous déloger par la force de notre gagne-pain que nous occupons depuis 1957 ? », s'interrogent les intéressés, livrés à eux-mêmes et qui ne savent plus à quel responsable se vouer. D'une superficie de 3939 m2, le centre en question est situé au cœur de la ville et abrite deux logements de fonction utilisés par le responsable et un agent de l'entreprise. Selon un responsable de la daïra de Chlef, qui accompagnait l'huissier de justice, la SNTR a bénéficié d'un terrain de 3 ha au niveau de la zone industrielle de Oued Sly pour le transfert de ses activités. Or, selon une correspondance du PDG de la SNTR adressée le 29 septembre 2002 au wali de Chlef, « le terrain en question est nu et sans aucune infrastructure, ce qui ne permet pas son exploitation... De plus, il n'est pas la propriété du groupe SNTR et a été restitué à l'Urbab Blida, organisme gestionnaire du foncier de la zone industrielle ». Pour le maintien de la représentation de la SNTR au niveau de la wilaya, la direction de l'entreprise avait demandé en compensation des infrastructures adaptées aux trois activités du centre, à savoir le fret et l'affrètement, le transport et la logistique et la maintenance des moyens de transport. Néanmoins, cette proposition n'a reçu aucune suite favorable des autorités de la wilaya, qui s'obstinent, par ailleurs, à récupérer coûte que coûte des biens publics déjà en exploitation au moment où des terrains attribués dans le cadre du Calpi et de l'Apsi sont laissés étrangement à l'abandon par leurs propriétaires.