Pourtant, un débat plus élargi, ouvert à tous les acteurs intervenant dans le secteur, permettrait de cerner cette problématique dans son sens plus global. Avant de s'y pencher, il est clair que la balle est dans le camp des pouvoirs publics, tenant compte de la part de responsabilité qui leur incombe dans la mauvaise prise en charge du potentiel national oléicole et tant d'autres produits du terroir identifiés dans les différentes régions du pays. En revanche, il n'y a plus aucune utilité à se limiter au stade des constats et des recommandations. Dans l'ensemble, la saison en cours, 2012-2013, présente des signes relativement positifs par rapport à la saison précédente en termes de rendements. Selon les dernières estimations établies par l'Institut des techniques d'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV), une production de 450 000 quintaux d'huile d'olive est attendue au terme de la campagne actuelle. A ce niveau, la production durant l'année en cours enregistre une croissance nette de quelque 60 000 quintaux comparativement à la saison d'avant, où ce volume n'a pas dépassé les 390 000 quintaux. Si la production n'a pas été satisfaisante durant la saison dernière (2011-2012), cela est dû au phénomène de l'alternance saisonnière (une saison de bonne récolte suivie d'une baisse de production la saison d'après) qui caractérise toujours l'oléiculture en Algérie. l'année en cours, les rendements auraient pu être beaucoup plus importants s'il n'y avait pas eu d'autres aléas qui ont fait leur apparition. Ce constat a fait le consensus parmi plusieurs spécialistes du domaine et des acteurs de la filière. Des producteurs mécontents Les aléas climatiques sont ainsi parmi les principales contraintes qui ont freiné l'essor de la production oléicole cette année. En effet, la persistance du gel et la tempête de neige qui a duré plusieurs semaines en février-mars 2012, notamment en zones de montagne où se concentre une grande part des oliveraies en Algérie, comme Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa ou Jijel, a eu un impact négatif sur la floraison des arbres (oliviers). Quelques mois plus tard, la canicule qui s'est prolongée durant toute la saison estivale a aggravé l'effet contre-productif sur les oliviers, empêchant le développement du fruit dans des conditions normales, sachant que les oliveraies exploitées encore avec des moyens rudimentaires et archaïques bénéficient rarement ou pas du tout de traitements phytosanitaires. Cependant, les oliveraies ayant résisté à de telles conditions climatiques aussi rudes n'ont pas été épargnées par les incendies de forêt qui ont dévasté les régions oléicoles du pays. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, où les flammes ont ravagé des champs entiers des dizaines d'exploitations, enregistrent un niveau zéro production cette année. Laquelle situation n'a pas manqué de susciter des remous, que ce soit au sein de la filière ou de l'administration locale. Ces circonstances rappellent en effet chaque année les conséquences de l'entêtement de l'Etat qui refuse toujours de prendre en charge les dégâts causés par les incendies de forêt ou les aléas climatiques, arguant que les dégâts de cette nature sont pris en charge dans le cadre d'assurances agricoles. Or, les assureurs, de leur côté, ne prennent que d'une façon partielle les risques naturels et ils refusent carrément de contracter des assurances pour la protection des oliveraies contre les incendies. C'est dans ces circonstances, d'ailleurs, que l'APW de Tizi Ouzou a saisi le ministère de l'agriculture lors des incendies ravageurs de l'été dernier afin de l'inciter à trouver une solution idoine pour la prise en charge des pertes subies par les exploitants oléicoles de la région cette année. Des doléances auxquelles le premier responsable du secteur, Rachid Benaïssa, répondra par l'octroi de jeunes plants (500 000 plants selon le ministère) au profit des oléiculteurs touchés par les incendies. offre qui n'a pas suscité une satisfaction entière parmi ces populations, qui estiment qu'«un jeune plant, qui met plusieurs années pour arriver à maturité, ne peut compenser un olivier en pleine production ravalé par les flammes». Telles sont, dans l'ensemble, les appréhensions des producteurs oléicoles, responsables de la filière ou spécialistes en arboriculture fruitière, invités à s'exprimer sur la culture de l'olivier et la production oléicole cette année. En outre, la modernisation de la filière reste encore au stade de vœu en l'absence de tout résultat concret, que ce soit en termes de labellisation ou d'organisation des circuits de transformation et de commercialisation. Plusieurs actions ont été prévues dans le cadre de la politique de renouveau rural mise en œuvre en 2009 mais, à ce jour, les résultats se font attendre.