Voyages pluriels au Maghreb de l'époque coloniale à nos jours, ouvrage de grande qualité paru aux éditions. L'Harmattan à Paris, et ce, dans l'abondance des publications en 2012, année du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. L'objet de cet ouvrage de travaux universitaires est de proposer une réflexion collective sur les circulations entre le Maghreb et l'Europe, de l'époque coloniale à nos jours. Il questionne, de manière pluridisciplinaire et chronologique, les mouvements de différentes catégories de populations : étudiants, coopérants français, militaires marocains, intellectuels algériens, acteurs sportifs des Jeux méditerranéens, consommateurs d'offres de relaxation, curistes en thalassothérapie en Tunisie, touristes européens au Maroc, pieds-noirs en visite en Algérie, anciens colons voyageant en Tunisie, convertis à l'Islam et au christianisme en Belgique, imam égyptien immigré en Italie, chercheurs français au Maghreb, femmes rebelles aux lexiques imposés par la mondialisation… Voyageurs pluriels, ils participent tous à une circulation généralisée. En passant du XIXe au XXIe siècle, l'étude propose une remise en perspective historique qui fait ressortir les continuités et les hiérarchies de ces mouvements. Des forces économiques, sociales, ethniques, régionales, nationales poussent les passagers à agir de façon déterminée. Fabienne Le Houérou, professeur à Aix-en-Provence, s'intéresse aux mobilités plurielles : immigration, migrations forcées et crises humanitaires dans les relations internationales. Elle a rassemblé, ici, les textes issus d'un Colloque international organisé en octobre 2010 à Aix-en-Provence, conjointement par l'Université de Provence, l'Iremam (Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman), l'Université de Toulouse et celle de la Manouba à Tunis. Cet ouvrage, sous sa direction, et en hommage à André Martel, est le premier de la collection Mondes en mouvement, aux éditions L'Harmattan. L'Afrique du Nord, un territoire créatif On y découvre, selon ses propres termes, que depuis la fin des années 1970, les circulations entre l'Europe et le Maghreb impliquent la mise en mobilité de différentes couches sociales des sociétés européennes. «Le voyage en Orient» n'est plus l'apanage de quelques aventuriers originaux issus de groupes sociaux relativement favorisés, mais touche l'ensemble des mondes sociaux occidentaux. La banalisation des carnets de voyageurs (sous sa forme audiovisuelle) est une des conséquences culturelles du tourisme de masse. Après les indépendances des pays du Maghreb, les mouvements des classes moyennes européennes n'ont cessé de croître, faisant du Nord de l'Afrique un territoire récréatif lié aux activités des loisirs, et plus récemment d'une nouvelle forme de tourisme de santé. Les personnels médicaux utilisent le terme de «voyage de santé», en Tunisie principalement. Du voyage culturel classique orienté vers la visite des monuments historiques de la période coloniale, aux parcours polyvalents actuels, l'objet est d'examiner ces nouvelles formes du voyage dues à la «balnéarisation» contemporaine des circulations. L'ouvrage envisage de rappeler la lente évolution du voyageur en touriste, de 1881 à nos jours. Plusieurs thèmes de recherche concernent «le voyage de santé», «le voyage culturel», «le voyage cultuel», «l'activité sportive», «les missionnaires», «les vacanciers», «les étudiants africains», dans différents axes géographiques qu'ils soient Nord-Sud (euro-maghrébin), mais également Sud-Sud (afro-maghrébin), magro-maghrébin et plus récemment encore asio-maghrébin. «Une tentative de dégager, dans cette variété de parcours, les continuités et les ruptures sur deux siècles afin de mieux comprendre l'évolution du Maghreb contemporain», précise Fabienne Le Houérou. Une contribution majeure pour comprendre ce qui se joue dans ces nouvelles formes de migrations qui n'en portent pas le nom.