Un son rock, une voix rauque, des textes incisifs, une gueule de jeune premier éternel, Ali Amran continue de traîner avec lui sa valise à merveilles. Il sera en concert, vendredi et samedi, à Nanterre dans le cadre du cycle «Algérie, je t'aime». Paris De notre correspondant Original, rebelle sous ses airs angéliques, Ali Amran ne fait jamais des choix faciles. «Il s'est passionné très tôt pour la musique, que ce soit celle délivrée par les grands chanteurs kabyles comme Idir, Aït Menguellet, cheikh El Hasnaoui ou Slimane Azem ou celle électrique des groupes anglo-saxons, tels Nirvana, Dire Straits, Santana ou Pearl Jam. Après avoir appris la guitare tout seul, il se lance, dès l'âge de 16 ans, dans l'écriture de poèmes. Certains seront interprétés par des chanteurs en vogue, comme Lani Rabah ou Hamel Slimane», relève Rabah Mezouane, programmateur musical à l'Institut du monde arabe et musicologue. Barbe de poète non maudit, blouson de rocker, un air de Rimbaud, Ali Amran a apporté un nouveau souffle à une chanson kabyle asthmatique, redondante. Il est allé puiser dans l'universel, élargissant les horizons. Et s'il a pris sa valise pour s'installer à une centaine de kilomètres d'Helsinki, cela ne l'empêche pas d'emporter son Algérie natale dans tous les pays du monde. «Son troisième opus, Akk'i D Amur, avec les morceaux Tabalizt (La valise, en hommage au chanteur de l'exil Hacène Larbi dit H'sissen) ou Sfina (en duo avec Idir), renforce l'idée qu'Ali est également un mélodiste hors pair, qui sait s'entourer de musiciens de haut niveau comme Chris Birkett, Jean-Philippe Rykiel ou Abdenour Djamaï, guitariste attitré de Hindi Zahra, tous présents dans l'album, ainsi que des instruments comme le didgeridoo, le luth, le banjo-picking ou le bouzouki commun aux Grecs et aux Turcs ». Après le théâtre avec la troupe Maghres (Mars), il se lance dans la musique. Premier album, premiers succès. En 1994, il crée un électrochoc avec son album Le vent, en apportant de la fraîcheur, un son neuf et surtout de l'intelligence, se démarquant radicalement du sous-raï qui a phagocyté la musique kabyle. Du pétillement en place et lieu de la vulgarité commerciale. Son dernier album fait de lui un artiste incontournable de la nouvelle vague, avec Souad Massi, Cheikh Sidi Bémol, ONB… Et ce n'est nullement un hasard s'il doit jouer le rôle d'un poète lors d'un prochain film, dont le tournage devrait commencer fin février. Alors, tous à Nanterre vendredi et samedi. Parce qu'il le vaut bien.