De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le spectacle, vendredi soir, de la nouvelle star de la chanson kabyle Ali Amran aura tenu toutes ses promesses en présence d'un public jeune et déchaîné. Un public qui a montré toute son impatience devant les deux dernières troupes de danse folklorique versées au programme, en l'occurrence celles de Mauritanie et de Ghardaïa. C'est qu'une partie du public était déjà là quand Ali Amran, ses musiciens et les techniciens s'occupaient des derniers réglages, et cela donnait déjà un avant-goût de la symbiose créée entre l'artiste et ses jeunes fans. Son entrée sur scène vers 23h30, après les prestations des troupes folkloriques de Madagascar, de Mauritanie, de Msila et de Ghardaïa, a donné lieu à la joie et à des cris à la limite de l'hystérie. L'osmose entre les deux parties s'installa dès les premières notes de la première chanson de son répertoire. Un répertoire qu'il a voulu bien orchestré dans la mesure où ses chansons les plus populaires et les plus demandées par le public ont été agencées de façon à maintenir cette symbiose tout au long du spectacle. Visiblement, Ali Amran a appris à se mettre à l'aise sur scène. L'interaction avec le public était plus présente que lors de ses précédents spectacles. En lançant la chanson phare de son dernier album de 2009, Akk'i d Amur, Ali Amran a invité le public à l'accompagner. Ce que les centaines de jeunes tassés face à la scène ont fait presque naturellement. Ses mouvements sur scène démontraient également cette évolution de l'artiste qui bouge beaucoup plus, notamment avec la complicité impeccable de ses musiciens et particulièrement le guitariste. A la fin de la chanson Akk'i d Amur, c'est naturellement que le public réclame une autre chanson fétiche, Tavalizt ou la valise que de nombreux jeunes rêvent de prendre. «Chantons ce qui se passe là-bas avant de revenir à ce qui se déroule ici», lança spontanément Ali Amran au public, qui a compris aussitôt que Noir et Blanc est la prochaine chanson du répertoire de l'artiste. Et la complicité entre lui et son public se poursuivra à la faveur du «travail en noir» et du «mariage blanc» que beaucoup d'exilés ont connus en France et dans d'autres pays européens et américains. L'exil et le voyage étant le thème principal des œuvres d'Ali Amran, notamment dans son album Akk'i d Amur sorti en 2009, d'autres chansons du même thème orneront le spectacle telles que Amsebrid (le voyageur), Tilufa (les problèmes), Sawlagh (l'appel) et Ssfina (le bateau). Ali Amran chantera également Xali Sliman au grand bonheur d'un public qui l'accompagnera comme un seul homme. Peu avant une heure du matin, Ali Amran lance enfin Tavalizt qui provoquera l'hystérie parmi le public et emballera jusqu'aux invités étrangers présents, comme la conférencière péruvienne Nathalie Santisteban, qui ne manquera pas de montrer tout son enthousiasme tout au long de la chanson. Ali Amran avait programmé Tavalizt comme sa dernière chanson de la soirée, mais c'était compter sans l'insistance d'un public définitivement sous le charme. Pour lui faire plaisir, il reprendra sa guitare pour une vraie dernière. Aâwin n imeslayen ou tous les conseils et tous les mots qu'un exilé prend dans sa valise comme souvenir, sera «servie» comme pour se séparer dans la paix et la méditation. Pari réussi et promesses tenues pour Ali Amran, qui a, encore une fois, laissé une excellente impression devant ses fans.