La prudence et la politique des petits pas continuent encore à guider l'approche développée par l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) en direction des pays engagés dans le Dialogue méditerranéen. Au moment où les 7 partenaires méditerranéens affichent clairement l'ambition d'affiner et d'élargir le cadre de leur coopération avec l'Otan, celle-ci donne en effet l'impression, de son côté, de ne pas être du tout pressée d'aller vers cette perspective. En dehors de quelques manœuvres organisées conjointement avec les pays membres du Dialogue méditerranéen, l'Otan a eu beaucoup plus tendance, en dix ans de discussions, à s'attarder sur des aspects relevant du politique que du militaire dans ses rapports avec, par exemple, les pays du Maghreb. Il est vrai que les deux parties ne disent pas tout sur leur coopération. A ce propos, de nombreux spécialistes en matière de défense attestent que la coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste est bonne entre leurs services spécialisés. Cette coopération (l'opération la plus visible est Active Endeavour) - dopée par les relations bilatérales entretenues par chacun des pays du Maghreb avec les membres de l'Otan - manque cependant d'un cadre clairement défini. Mais tout porte à croire que cette coopération qui relève encore de l'« informel » n'est pas près d'évoluer vers le formel. Aussi, si la décision de l'Otan de se réunir demain avec les ambassadeurs des pays membres de son Dialogue méditerranéen, pour la première fois de son histoire en terre arabe (le Maroc, ndlr), prouve que la confiance commence à s'établir entre les deux parties, tout laisse à croire que l'état-major de l'Alliance nord-atlantique veut pour le moment en rester là. Au-delà de la portée politique de cette décision, il faut savoir en effet que cette rencontre - qui réunira à Rabat le Conseil de l'Alliance Atlantique Nord (cette structure regroupe les représentants de 26 pays) et les 7 ambassadeurs des pays du Dialogue - est informelle et ne devrait pas durer plus de deux heures. A signaler, au passage, que le choix du Maroc pour abriter cette réunion inédite tient au fait que les autres pays du Maghreb capables d'accueillir ce rendez-vous n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec Israël, pays également membre du Dialogue méditerranéen. En ce sens, il n'y a pas lieu de s'attendre à ce que la rencontre, qui sera, en fait, organisée sous forme d'un séminaire - durant lequel sera présentée l'expérience menée par l'armée marocaine lors de son implication par l'Alliance dans une opération de maintien de la paix au Kosovo, qui sera suivie d'un débat général sur le dialogue politique - débouche sur des résolutions de nature à changer le format du dialogue qu'entretient l'Otan avec les pays de la région. S'il est à prévoir, donc, que les pays membres du dialogue restent, une fois de plus, sur leur faim, il n'en sera pas de même, en revanche, pour l'Otan. Fidèle à sa réputation, l'Alliance Nord-Atlantique a prévu de faire d'une pierre deux coups de son passage au Maroc : poursuivre son travail de vulgarisation avec ses « partenaires » et mener une opération de marketing en direction du monde et des opinions arabes afin de soigner son image.