La région de Tébessa est devenue une zone de transit de tous les genres de trafic. Les saisies journalières de différents produits destinés à la contrebande, opérées par la police, la Gendarmerie nationale et à un degré moindre les douanes, durant l'année 2012 s'élèvent à plusieurs centaines de tonnes. Le phénomène est loin d'être endigué car le trafic est entré dans les mœurs de ces frontaliers qui deviennent puissants de jour en jour en imposant leur loi. Après la contrebande du carburant qui, en plus d'assécher les stations de distribution de la région, notamment à Bir El Ater, causant une véritable saignée à l'économie nationale, c'est le tour du trafic des métaux non ferreux, une autre forme de contrebande qui commence à prendre des proportions alarmantes, en dépit d'une traque sans merci par les services de sécurité de ces contrebandiers. Ce trafic qui ne date pas d'hier, devient l'activité la plus convoitée. Le vol des métaux non ferreux (cuivre, zinc, aluminium, nickel…) est en nette recrudescence dans la région de Tébessa, en raison de leur prix élevé sur le marché tunisien ; plusieurs milliers de mètres de câble téléphonique et électrique ont été volés ces dernières années. Même les couvercles de regards ont été arrachés ! Celui qui visiterait la ville de Tébessa remarquerait aisément la chose. D'autre part, plus de 20 km de câbles de cuivre de la ligne ferroviaire électrifiée, datant de l'époque coloniale, reliant Tébessa à Elkouif, ont été dérobés depuis que le train ne dessert plus la région. Ajouté à cela les collectes quotidiennes de ces déchets par des enfants qui s'adonnent à fond pour un petit pécule journalier ; ils détournent du cuivre pour un prix dérisoire au profit de grands trafiquants, qui revendent ce métal au prix fort en Tunisie. «Je ramasse tout ce qui est cuivre : fils électrique, téléphonique, barres de cuivres ou autres, chaque jour, je fouille dans les décharges des quartiers», nous dit un jeune. Interrogé sur le prix du métal, un autre nous répond : «Après nous vendons notre cargaison à la pèse à nos commanditaires, entre1000 à 1500 DA le quintal, tout dépend de la qualité de cuivre.» Une bonne partie de ces métaux volés est d'abord dirigée vers de petits entrepôts clandestins à Bir El Ater, El kouif et Bekkaria pour être triée, avant d'être acheminée clandestinement vers la Tunisie via la contrebande, par des commanditaires qui ne se montrent pas; personne ne les connaît; ils s'occupent de l'acheminement des chargements qui seront écoulés à des prix alléchants auprès de fonderies privées, notamment à El Kef et Kasserine et à d'autres régions tunisiennes. Après un recyclage, la marchandise sera exportée vers l'Europe. Cette situation est vraiment inquiétante ; elle touche de plein fouet les institutions étatiques telles que la poste, la société de distribution d'électricité et du gaz, les chemins de fer et autres. Ces dernières tirent derechef la sonnette d'alarme, d'autant qu'elles subissent un préjudice annuel considérable. A titre illustratif, Algérie Télécom a enregistré une perte de plus de 6,5 millions de dinars en 2012.