Personne ne sait pourquoi les groupes islamistes armés ont subitement attaqué la ville de Konna, située à 700 km au nord de Bamako, pour la contrôler totalement en quelques heures, jeudi dernier. Vingt-quatre heures plus tard, l'armée malienne, appuyée par l'aviation française, réinvestit le terrain. Très inquiète de l'avancée des groupes islamistes armés vers la ville de Mopti, au nord du Mali, la classe politique malienne a exprimé hier son soulagement après la reprise de la ville de Konna par l'armée malienne à la suite d'une intervention de l'aviation française. La classe politique «salue» l'offensive alors que le MNLA, qui tient à «une solution politique négociée», met en garde contre toute violation du territoire de l'Azawad. Personne ne sait pourquoi les groupes islamistes armés ont subitement attaqué la ville de Konna, située à 700 km au nord de Bamako, pour la contrôler totalement en quelques heures, jeudi dernier. Vingt-quatre heures plus tard, l'armée malienne, appuyée par l'aviation française, réinvestit le terrain. Les raids aériens durent plusieurs heures avant que la ville ne soit reprise aux islamistes. Des dizaines de morts – une centaine selon l'armée malienne – se comptent parmi les djihadistes, alors que du côté des militaires, des sources non officielles avancent autant de victimes, qui n'ont pas pour autant été confirmées par les autorités. Pour tous, la «libération» de Konna est le résultat de l'offensive militaire française dont les troupes sont désormais sur place à Sévaré, Mopti et Konna. Contacté par téléphone, Bokary Mariko, porte-parole du Comité national de redressement de la démocratie et de restauration de l'Etat (CNRDRE), instance présidée par le capitaine Sanogo, le chef de la junte militaire au pouvoir à Bamako, affirme que c'est l'armée malienne qui a demandé un appui aérien à la France pour libérer la ville de Konna, prise jeudi dernier par les groupes terroristes. «Nous avons toujours dit que l'armée malienne a besoin de moyens techniques et d'appui logistique pour reprendre l'initiative sur le terrain.» Pour notre interlocuteur, il s'agit de préserver la ligne de démarcation entre le Nord occupé et le Sud, en attendant de poursuivre l'avancée vers les autres villes sous occupation terroriste. Selon Mariko, il n'y a pas que les troupes françaises qui ont pris part à la riposte, mais également africaines, comme convenu par la Cédéao. «C'est l'armée malienne qui était sur le terrain. Les Français n'ont fait que l'appuyer par des raids aériens. Il n'y a pas de guerre sans dommages collatéraux. Le plus important est de faire en sorte qu'ils soient le moins importants possible. Le capitaine Sanogo s'est déplacé à Konna pour encourager ses troupes.» Pour ce qui est de la voie du dialogue ouverte depuis des mois, Mariko déclare : «Elle est toujours ouverte à ceux qui veulent s'asseoir autour d'une table en déposant les armes, parce que l'option militaire est limitée dans le temps.» Par la voix de son chargé de la communication, Moussa Ag Assarid, membre du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA), le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) déclare que tant que la guerre vise «les narcoterroristes, nous protégerons la population de l'Azawad». Assarid «met en garde» l'armée malienne contre «une quelconque volonté de franchir la frontière de l'Etat de l'Azawad». «Nous continuons à croire au dialogue parce que nous nous sommes engagés pour une solution négociée. N'oubliez pas que nous aussi nous sommes en guerre contre les narcoterroristes à Ménaka, Asango et Gao. Nous ferons en sorte de respecter nos engagements jusqu'à ce qu'une solution politique négociée soit trouvée e,t dans ce cas-là, dans toute guerre menée contre les narcoterroristes, nous serons là pour protéger la population.» Du côté de la classe politique, pro et anti-putschistes abondent dans le même sens pour saluer unanimement la «libération» de la ville occupée, sans toutefois, pour les uns et les autres, être capables de dire ce que les troupes françaises vont faire après cette opération. konna libérée Ancien Premier ministre, ancien président du Parlement et ex-président de l'Adema, devenu la bête noire de l'opposition, Ibrahim Boubacar Keïta, que les proches appellent IBK, est à la tête d'une alliance qui porte son nom, Alliance IBK2012. Lui aussi qualifie l'intervention française au Nord de «salutaire». Selon lui, «ce sont les islamistes qui ont précipité les événements en occupant la ville de Konna. Nous ne savons pas comment et qu'est-ce qui a poussé les islamistes à une telle attaque. Il fallait une riposte appuyée. L'intervention française est pour l'instant circonscrite à la libération de Konna et la défense de la ligne de démarcation. Nous sommes de fait dans une logique de guerre qui donne à la France un statut de meneur. Konna a été libérée, mais nous ne savons pas pour l'instant le devenir des forces françaises dans la région». Président du Congrès national d'initiative démocratique (CNID) et coordinateur du mouvement de Convergence pour sauver le Mali (CSM), maître Montaga Tall estime que «l'armée a réussi un exploit avec l'aide de l'aviation française. Les terroristes ont occupé la ville de Konna, il fallait les déloger mais avec des moyens plus importants, elle a demandé le soutien de la France». Il estime que toute opération militaire est sujette à des dommages collatéraux, précisant : «Nous sommes déjà dans les dommages collatéraux à partir du moment que des villes du Nord sont occupées depuis des mois.» Sur la question de l'avenir des troupes françaises, Me Tall souligne : «Dans une première étape, elles sont là pour protéger la ligne de démarcation entre le Nord occupé et le Sud. La question qui reste posée est de savoir s'il faut continuer la bataille et aller libérer les villes occupées ou alors rester à Konna et confirmer la partition du pays. Aucune réponse n'est possible maintenant.»