Paris De notre correspondante Nous appelons la communauté internationale à nous écouter, à prendre en compte nos propositions pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans le Nord-Mali», et «avant toute intervention militaire, il faut une solution politique», ont déclaré hier Hamma Ag Mahmoud, responsable des relations internationales du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA), et Moussa Ag Assarid, responsable de la communication au sein du CTEA et président du bureau Europe du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) à Paris. Les deux responsables du MNLA ont réitéré, dans une conférence de presse – à l'initiative de François Alfonsi, député européen du groupe Verts/ALE – la disponibilité et la volonté de leur mouvement pour une résolution politique négociée avec les autorités maliennes pour sortir de la crise actuelle dans l'ensemble de la zone sahélienne. «Nous avons fait des démarches depuis avril auprès des autorités maliennes pour des négociations, nous sommes toujours demandeurs d'une négociation qui ne vient pas», ont indiqué les deux représentants du MNLA. Dans une plateforme politique rendue publique le 7 octobre, le MNLA s'affirme comme «un acteur et un interlocuteur capable de peser sur les événements pour restaurer la stabilité politique dans l'Azawad et combattre les groupes de terroristes et de narcotrafiquants». Par ailleurs, dans une lettre ouverte adressée à la communauté internationale le 9 novembre, le MNLA souligne «toute la complexité de la question de l'Azawad et des implications d'une intervention militaire dans cette région». Il rappelle que «le conflit qui oppose l'Azawad au Mali remonte à plus d'un demi-siècle, après le départ du dernier soldat français du territoire de l'ex-Soudan français». Il affirme aussi que «les groupes de narcoterroristes, qui occupent aujourd'hui les grands centres urbains de l'Azawad en y semant la terreur, s'y sont implantés profitant de l'attitude complaisante de l'Etat malien et de la complicité active de certains dirigeants qui ont favorisé leur prolifération». Mise en garde Hamma Ag Mahmoud et Moussa Ag Assarid ont signifié que «toute intervention militaire sous-régionale ou internationale qui ne s'appuierait pas sur le MNLA est vouée à l'échec». Parce que «le MNLA maîtrise parfaitement bien les réalités sociologiques, connaît le terrain et bénéficie du soutien des populations». Ils ont fait part des risques dommageables d'une intervention militaire sur les populations, qui pourrait entraîner «un drame humanitaire sans régler le fond du problème». Et de donner l'exemple d'autres pays africains ou de l'Afghanistan : «L'armée malienne est animée d'un esprit de vengeance, nous craignons des exactions sur la population et dans ce cas nous ne pourrons pas rester les bras croisés. Ce qui nous inquiète aussi ce sont les appels à la haine raciale dans l'Azawad, nous craignons que les autorités maliennes montent les communautés les unes contre les autres.» C'est pourquoi le MNLA souhaite, pour épargner une tragédie humaine, que son armée soit associée à la lutte contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants. «Cette intervention pour l'éradication de la menace narcoterroriste est salutaire, mais avec le MNLA. Nous sommes prêts.» Toutefois, «il ne faut pas mettre de côté la question de fond, soit la marginalisation du peuple de l'Azawad, les injustices commises à son égard par les différents régimes de Bamako». Et enfin «nous en appelons au bon sens de la communauté internationale pour trouver ensemble une solution durable, pour lutter contre le terrorisme. Nous sommes disposés à discuter avec toutes les parties». Hamma Ag Mahmoud et Moussa Ag Assarid ont voulu préciser que les membres de leur mouvement sont issus de toutes les communautés de l'Azawad.