Le secrétaire général de l'ONU assume pleinement son rôle de diplomate, surtout en ce qui concerne la gestion des conflits. Et justement, beaucoup est attendu du prochain rapport sur le Sahara-Occidental qu'il doit soumettre au Conseil de sécurité, d'ici les prochains jours, comme le veut une tradition bien établie depuis 1991. Au demeurant, Kofi Annan a su répondre à l'agitation en cours entretenue par le Maroc et relayée par ses quelques alliés qui croient peut-être utile de chercher une autre solution à ce conflit. Il a ainsi déclaré que l'ONU restait guidée par ses résolutions. C'est ce qu'il a rappelé ce jeudi dans la capitale espagnole. L'objectif du Conseil de sécurité est de trouver une solution au conflit du Sahara-Occidental qui soit « mutuellement acceptable », « durable » et qui tienne compte des « résolutions et des accords des Nations unies qui ont été acceptés par les parties », le Maroc et le Front Polisario. Pas question donc de revoir quoi que ce soit, ou de céder aux pressions actuelles. Lors d'une conférence de presse conjointe avec le Président du gouvernement espagnol animée à l'issue d'entretiens à La Moncloa (siège de la présidence), M. Annan a indiqué que le Conseil de sécurité « a veillé à orienter le processus dans une direction qui permette aux parties » de « mettre en pratique » ces résolutions et accords « sans rien imposer ». A une question sur le rapport qu'il doit présenter au Conseil et son contenu, M. Annan a d'abord relevé qu'il entretient actuellement des contacts avec les parties, rappelant, dans ce contexte, sa rencontre, la semaine dernière à New York, avec le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz. Il a ajouté que son envoyé personnel, Peter Van Walsum, entretient également de « nombreux contacts sur le terrain ». Il a précisé, ensuite, que le rapport est encore en phase d'élaboration. « Je suis actuellement en train de travailler sur la rédaction de ce rapport, que je présenterai au Conseil de sécurité dans le courant de ce mois. Je ne veux pas anticiper les événements et dire ce que je vais inclure dans ce rapport car je continue à recueillir des éléments d'information », a-t-il indiqué. Refusant de dévoiler la teneur de son rapport, il a ajouté qu'il n'avait pas eu jusqu'à présent connaissance du projet d'autonomie que compte présenter prochainement à l'ONU le gouvernement marocain. Le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, a estimé, pour sa part, que « l'avenir du Sahara (Occidental) passe uniquement par un accord » qui serait, a-t-il dit, la « meilleure issue » et la « meilleure solution » au conflit. Il a ajouté avoir transmis au SG de l'ONU la « disposition » de l'Espagne à « contribuer à cet accord ». M. Zapatero s'est gardé d'expliciter sa pensée. On se rappelle que l'été dernier l'Espagne se proposait d'organiser un sommet quadripartite, en vain puisqu'il excluait le Front Polisario, et que l'Algérie refusait d'y prendre part, soulignant à cet effet que personne n'avait le droit de parler au nom du peuple sahraoui, et que ce dernier avait ses représentants. Il reste que le gouvernement espagnol fait face à une pression de la société civile révoltée par la rôle joué par l'Espagne dans le drame du peuple sahraoui, et aussi les pratiques répressives marocaines. Cette question a d'ailleurs été soulevée à Washington au point que plusieurs membres du congress américain ont exprimé leurs préoccupations pour la situation « alarmante » des droits humains au Sahara-Occidental. A l'issue de rencontres qu'ils ont eues avec le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, en tournée aux Etats-Unis depuis lundi, des responsables américains étaient unanimes à souligner que les retards ne sont plus permis à l'ONU pour mettre en œuvre ses engagements à décoloniser le territoire sahraoui à travers un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Durant son séjour dans la capitale fédérale américaine, le président sahraoui, rappelle-t-on, a eu plusieurs entretiens, notamment avec des personnalités politiques, des parlementaires au congress, des représentants de la société civile et d'ONG, qu'il a informés des derniers développements politiques survenus dans les territoires sahraouis occupés. Il a également, demandé aux Etats-Unis d'« intervenir auprès du Maroc pour qu'il respecte la légalité internationale ». La question est là justement, et les Sahraouis ne demandent rien d'autre.