Sans surprise, le Conseil de sécurité a prorogé de deux mois le mandat de la Minurso mettant chaque partie au pied du mur. Le rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental, rendu public le 19 février dernier, par le Conseil de sécurité, avait constitué l'événement par le fait qu'il contraignait les parties en conflit à préciser leur position. En mettant carte sur table les difficultés qui font obstacle à une solution juste, d'un conflit de plus d'un quart de siècle, Kofi Annan aura surtout pris date. Et le temps ne joue plus pour le Maroc si l'on note que, dans sa réunion de mercredi dernier, le Conseil de sécurité a décidé de ne prolonger que de deux mois le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Ce qui veut dire que le prochain rapport du secrétaire général de l'ONU, attendu pour la fin avril, devra sans doute faire le point définitivement sur le devenir de la mission onusienne au Sahara occidental. D'autant que dans la quatrième option de son dernier rapport, au cas où aucun des trois choix offerts ne serait agréé, M.Annan laisse nettement entendre qu'il proposera alors au Conseil de sécurité de mettre fin à la Mission des Nations unies au Sahara occidental. Certes, on n'en est pas encore là, mais il n'en reste pas moins que les choses n'ont jamais été aussi mal engagées comme le laissent supposer le scepticisme affiché par les uns, et le pessimisme exprimé par M. Annan qui estime que l'avenir du Sahara occidental est «lugubre». Regrettant la vanité des efforts accomplis jusque-là par son département pour trouver une solution au problème sahraoui, le secrétaire général de l'ONU a ainsi passé en revue «les efforts, jusqu'à présent vains, pour aboutir à une solution négociée de ce conflit qui oppose le Maroc d'une part, le Front Polisario d'autre part». Cependant, le fait patent à retenir dans ce complexe dossier sahraoui ce sont les conclusions -rendues publiques le 29 janvier dernier- du département juridique des Nations unies qui relève que le royaume chérifien ne dispose d'aucune souveraineté sur le territoire sahraoui, ni au plan juridique ni administratif, et que le Maroc demeure, selon le droit international, une puissance occupant un territoire qui reste soumis aux règles de la décolonisation. Cette précision avait été donnée suite au recours formulé par le Front Polisario, après la signature par le Maroc, puissance occupante, avec des compagnies pétrolières-française et américaine, d'un contrat d'exploration off-shore de pétrole au large des côtes sahraouies. Les faits sont incontestables: seul le Maroc fait aujourd'hui obstacle à la mise en oeuvre du processus référendaire au Sahara occidental. Les habituelles surenchères marocaines sur «l'unité du territoire marocain» ou les accusations de Rabat contre Alger ne peuvent plus cacher le fait que le Maroc n'a jamais voulu d'une consultation qui ne lui garantisse pas à l'avance son fait accompli au Sahara occidental. Le coup de poker de la troisième voie et de l'«accord-cadre» ayant échoué, le royaume chérifien n'a plus qu'une issue, celle de revenir à la légalité internationale en laissant l'ONU organiser, dans la transparence, et sous contrôle international, le référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Ce que la sagesse et la raison recommandent. A voir l'hystérie du gouvernement et de la presse marocaine contre l'Algérie, Rabat semble bien loin d'emprunter cette voie. En tout état de cause, le temps ne joue plus pour Rabat qui a déjà épuisé trois secrétaires généraux des Nations unies depuis 1975, alors que le quatrième, Kofi Annan, perd peu à peu ses illusions. Car à trop tirer sur la corde, un jour elle rompt. Ce moment n'est plus loin pour le Maroc qui ne doit son arrogance qu'au soutien constant que lui ont prodigué quelques puissances intéressées. Aussi, est-il attendu que le prochain rapport du secrétaire général de l'ONU tranche définitivement sur un dossier qui n'a que trop duré.