Les villageois se sont donnés le mot en vue de réussir la manifestation et surtout, tradition oblige, accueillir comme il se doit les dizaines d'invités. Thassala, une paisible bourgade de la commune de Taghzout, implantée au pied du massif du Djurdjura à une quinzaine de kilomètres au nord de Bouira. À l'occasion du jour de l'an 2963 du calendrier berbère qui coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien, fête non encore officialisée en Algérie, l'association du village «El Kaouther», n'a ménagé aucun effort pour être au rendez-vous et célébrer l'événement. En effet, la fête a bien lieu. Les villageois ; femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, se sont donnés le mot en vue de réussir la manifestation et surtout, tradition oblige, accueillir comme il se doit les dizaines d'invités qui viennent des villages limitrophes et mêmes d'autres municipalités. Il faut noter que c'est pour la deuxième fois que Yennayer est célébré de manière spectaculaire dans ce village. «Depuis longtemps, chaque famille célébrait le nouvel an berbère chez elle. Notre association qui a consenti beaucoup d'efforts pour agrandir la fête. Nous voulons célébrer Yennayer dans une ambiance familiale et tous les habitants du village puissent partager ces moments de bonheur. Même nos invités ne doivent pas se sentir étrangers chez nous», a souligné Ammi Ali Fateh, président de l'association El Kaouther. Le comité d'organisation, composé de jeunes, semble prendre la situation en main pendant toute la journée. Les visiteurs, dès leur arrivée, sont emmenés pour voir les différents stands de l'exposition. Les invités ont eu à découvrir également les objets de la poterie typique du village de Thassala, des plats et des mets traditionnels, des robes kabyles, des bijoux, des plantes médicinales et des livres parlant de la culture et tradition amazighes, etc. les festivités se sont clôturées par une conférence dont le thème a porté sur Yennayer. Une grande joie s'est emparée du village. Une kermesse. Il y a même un invité qui est venu de la république de Guinée. Un certain Abu Baker Touré qui n'a pas tardé à succomber sous le charme du village et la générosité et l'authenticité des gens de Thassala. «J'ai apprécié ce lieu et m'y sens bien. On m'a accueilli comme quelqu'un de la famille. Ainsi, je retrouve ici les constantes d'une société qui n'a jamais perdu ses valeurs et qui perpétue ses traditions », témoigne-t-il. Autre geste de générosité, les visiteurs ont dégusté un couscous aux fèves, appelé localement « Leghmoud». Ainsi, pour enrichir le programme de la manifestation, les organisateurs ont intégré la fontaine du village, construite en 1946 par un maçon italien, selon les habitants, et permettre aux visiteurs de la découvrir. «On a aussi ajouté au programme un autre site à visiter. Il s'agit de la source du village, réalisée en 1946 par un maçon d'origine italienne. L'association l'a réhabilité en respectant son aspect architectural initial», a indiqué M. Ammi Ali qui n'a pas caché son ambition pour les années à venir «de faire de cette fête un festival qui va durer une semaine», et auquel prendraient part plusieurs associations de différentes régions du pays. Au-delà de la célébration de Yennayer, les responsables de l'association espèrent promouvoir la poterie et l'huile d'olive pour qu'ils deviennent une source de revenu pour les villageois. La fête de Yennayer a permis aux habitants de faire sortir, l'espace d'une journée, leur village de l'isolement et de l'anonymat.