Comparée aux aéroports en construction chez nos voisins tunisiens et marocains, la nouvelle aérogare d'Alger fait figure de nain en matière de capacité de traitement des passagers. Six millions de passagers par an seront traités par cette nouvelle infrastructure, érigée près de l'aéroport international Houari Boumediène, contre 10 millions passagers/an pour l'aéroport Mohammed V et 30 millions pour Enfidha-Aiport au centre-est de la Tunisie. Sa capacité sera portée à 9 millions avec le lancement « futur » de la construction du troisième et dernier module. Vingt années ont été nécessaires pour parachever, seulement, les deux tiers du projet, lancé, faut-il le rappeler, en 1986. Algérie Aviation indiquera que le projet de réaménagement de la zone ouest de l'aéroport Houari Boumèdiène a été entamé en 1975 et que l'étude initiale de l'aérogare-passagers prévoyait la construction de quatre modules. Uniquement deux modules ont été retenus pour la réalisation, compte tenu de l'importance des « crédits » à mobiliser. Ce retard, deux fois décennal, est souvent expliqué, par les responsables, par une multitude de raisons, tournant pratiquement, toutes, autour du manque de financement qui était un temps derrière l'arrêt des travaux de l'aérogare. La reprise en main des travaux n'a eu lieu qu'en décembre 2003, après que le Conseil des ministres du 29 mars 2000 ait conclu à la nécessité de « reprendre » le projet. La démarche préconisée par M. Sellal, à cette date, était de réaliser dans une première phase une partie de l'ouvrage, permettant de traiter 3 millions de passagers par an. Cette opération nécessitait environ 106 millions de dollars que la Société d'investissement et de gestion aéroportuaires (SIEGA) devrait mobiliser en trente mois. En seconde phase, il est préconisé de faire appel au capital étranger pour l'exploitation et l'achèvement de l'ouvrage. Presque en « désespoir de cause », le marché a été attribué à une entreprise chinoise, CSCEC en l'occurrence, avec cette obligation contractuelle de livrer cette grande infrastructure dans un délai de deux ans. Ce qui constituerait « un record s'il (le délai) est respecté », avait même estimé le ministre des Transports de l'époque, M. Sellal. Le record, comme l'avait prédit le ministre, n'a pas été atteint. La livraison de la nouvelle aérogare, qui devrait intervenir vers « fin 2005 », comme l'a annoncé l'actuel ministre des Transports, M. Maghlaoui, en juin 2005, n'a pas été non plus respectée. Aucune raison n'a cependant été avancée par les concernés. A quelques jours seulement de la visite du président Bouteflika au chantier, le maître d'ouvrage, le ministère des Transports et l'Entreprise de gestion des services aéroportuaires (EGSA) se calfeutrent dans un silence de tombe et restent parfaitement hermétiques préférant - par précaution - ne pas autoriser les journalistes à accéder au site. C'est, à se demander pourquoi une telle attitude ? A-t-on quelque chose à cacher ? L'histoire de l'aéroport n'en finit pas pour autant de sécréter les reports. Durant son passage au ministère des Transports, Abdelmalek Sellal avait expliqué que l'investissement dans le secteur des Transports est « très lourd » et qu'il nécessite des capitaux privés. « L'Etat n'est plus à même de financer seul la réalisation de (tels) projets », avait-il affirmé à l'époque. M. Maghlaoui, lors d'une visite effectuée sur les lieux, avait, quant à lui, souligné « toute la complexité » du chantier. Un « malaise » se fait, à ce titre, sentir alors qu'on annonce un déplacement présidentiel pour aujourd'hui. L'inauguration ne serait toutefois pas à l'ordre du jour. Pour le « baptême », assure une source à la nouvelle aérogare, il faudra encore « patienter jusqu'à juillet ou peut-être août ». M. Maghlaoui se désavouerait-il une seconde fois ? Il avait, en effet, déclaré au Forum de l'ENTV, que la nouvelle aérogare sera « sans doute » mise en exploitation à la fin du premier semestre. La partie génie civil étant « entièrement » parachevée, les travaux se concentrent actuellement sur les « essais » des équipements installés, notamment par Aéroports de Paris (ADP), qui, faut-il le rappeler, a été retenu pour gérer la nouvelle aérogare. Un mandat de gestion, pour ne pas dire concession oscillant entre 3 et 5 ans. Un contrat qui est bien évidemment reconductible. Cette nouvelle structure aéroportuaire servira, selon les responsables, « d'école de formation » pour tous les aéroports du pays. L'argument de « l'inexpérience algérienne », dans la gestion d'aéroports a été, pour remarque, souvent mis en avant pour justifier le recours au « partenaire » étranger. Le déficit en la matière est-il aussi important pour que ADP vienne en renfort ? La partie free-shop a été confiée, quant a elle, à Duty Free Suisse. Compass Europe devrait, selon certaines informations, gérer pour une « période déterminée » les restaurants et salons de thé.