Le directeur de l'EGSA, Mohamed-Salah Boultif a affirmé, hier, à Liberté, que “l'Algérie a signé un contrat de gestion de la nouvelle aérogare d'Alger le 5 avril dernier”. La rémunération d'ADP sera décomposée en deux parties : une fixe qui servira aux salaires du personnel, et une partie variable en fonction des performances obtenues. Une certaine confusion quant à l'identité du gestionnaire potentiel du nouvel aéroport d'Alger est apparue quand le P-DG d'Aéroports de Paris, Pierre Graff, a révélé, lors d'une conférence de presse tenue dans la capitale française la semaine dernière, qu'il n'avait encore signé aucun contrat avec l'Algérie. Le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, avait pourtant annoncé, quelques jours auparavant, que le groupe français avait obtenu le marché algérien. Le directeur général de l'EGSA (Etablissement de gestion des services aéroportuaires), Mohamed-Salah Boultif, a tenu à remettre les pendules à l'heure et surtout mettre un terme à une polémique qui risque de s'enfler inutilement. “L'Algérie a signé un contrat de gestion de l'aéroport d'Alger avec ADP le 5 avril dernier, juste après son passage par le Conseil de gouvernement. Ce contrat entrera en vigueur dès la mise en exploitation de la nouvelle aérogare”, a assuré son interlocuteur. Il a précisé que le groupe Aéroports de Paris, qui assure déjà la gestion de nombreuses infrastructures aéroportuaires de par le monde dont cinq infrastructures en Egypte, totalisant un trafic de 14 millions de passagers par an, et treize au Mexique, prendra en charge le management du nouveau terminal affecté aux vols internationaux, mais aussi celui de l'actuelle aérogare internationale qui sera destinée aux vols domestiques et celle des lignes intérieures, laquelle aura pour vocation exclusive le traitement des vols charters, de jets privés et des voyages pour ou en provenance des Lieux saints de l'Islam. “Nous avons signé avec ADP un contrat de gestion de quatre années, renouvelable une seule fois pour une durée d'une année”, a indiqué le DG de l'EGSA. M. Boultif n'a pas voulu nous donner le montant de la contrepartie financière dont bénéficiera le groupe ADP. “C'est une clause confidentielle du contrat. Je peux juste vous dire que le montant se divise en une partie fixe qui servira, notamment à la rémunération du personnel, et une partie variable en fonction des performances de gestion obtenues”. Il a précisé qu'“une équipe de quatre gestionnaires du groupe ADP transmettraient leur savoir-faire aux cadres algériens”. Cela signifie-t-il que les Algériens, rodés dans l'administration des services aéroportuaires depuis l'indépendance de l'Algérie, sont inaptes à assurer le management de la nouvelle aérogare de l'aéroport international Houari-Boumediene ? D'autant que ce terminal, dont la capacité d'accueil maximale est de 6 millions de passagers par an (le trafic des passagers sur le réseau international à Alger a dépassé de peu les deux millions de personnes en 2005), est loin de rivaliser avec les aéroports des grandes capitales du monde. À titre d'exemple, l'aéroport de Madrid traite annuellement environ 50 millions de voyageurs, celui d'Orly-Ouest (une toute petite structure comparativement avec l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle) accueille plus de 16 millions de passagers par an. “Même si nous gérons nos aéroports depuis 1962, nous avons besoin d'acquérir de nouvelles expériences et surtout de développer la profitabilité de l'aéroport. Nous voulons arriver, à terme, à la certification ISO 9001-2000 pour la qualité de services et ISO 14001 pour l'environnement”, a confié M. Mohamed-Salah Boultif avant de révéler l'information capitale. “L'un des objectifs du contrat de gestion est de faire de cet aéroport un hub régional.” L'enjeu est certes important. Le hub, qui représente une organisation aéroportuaire qui donne aux utilisateurs du transport aérien toute latitude de “voyager d'un point à un autre de la planète en passant par une seule plate-forme de correspondances”, permettra à l'Algérie d'augmenter, de manière substantielle, son trafic aérien et par là même attirer davantage de compagnies aériennes (environ une dizaine de compagnies sont installées en Algérie, dont Air France, Lufthansa, Alitalia, Royal Air Maroc, Tunisair, Qatar Airways…). Il n'en demeure pas moins que le hub sous-entend un flux d'arrivées et de départs de vols en un délai très court afin de réduire au maximum le temps d'attente en escale. L'Algérie a-t-elle les capacités requises pour un trafic ainsi cadencé ? “Nous avons les capacités d'aménager une plate-forme hub à Alger”, a rassuré le directeur général de l'EGSA. Il a soutenu qu'avec les équipements “de dernière génération” dont est dotée la nouvelle aérogare et l'expérience de l'ADP, le défi sera relevé. Il reste à connaître la date de mise en service des nouvelles structures de l'aéroport Houari-Boumediene. “Je me méfie des délais annoncés. Mais je peux dire que l'ouverture du nouvel aéroport est pour bientôt”. Probablement en été, selon les prévisions. “Il reste juste à faire quelques tests des nouveaux équipements et à terminer l'aménagement de l'aérogare”, a certifié notre interlocuteur. Souhila H.