La campagne d'éradication du moucheron vecteur du clou de Biskra - un phlébotome dont la femelle hématophage, après avoir ingéré le parasite du genre leishmania à partir d'un « réservoir » (gerbies, souris et autres rats des campagnes), l'inocule à l'homme - débutera cette semaine sur tout le territoire des Ziban. Convoqués avant-hier au siège de la wilaya, les P/APC de toutes les communes ainsi que les représentants des daïras ont reçu des consignes très strictes. Le secrétaire général de la wilaya a été on ne peut plus clair : « La leishmaniose cutanée est devenue un problème de santé publique, nous allons tous nous mobiliser pour réussir cette campagne nationale ; je sais que certaines APC n'arrivent pas à faire face à des dépenses supplémentaires. » En revanche, elles disposent des pulseurs utilisés auparavant contre les criquets et du personnel formé par les services de la prévention sanitaire pour cette tâche, et de conclure : « Ne vous en faites pas, nous prendrons en charge la facture du deltaméthrine. » On parle de 3000 kg de ce coûteux insecticide qui vont être pulvérisés à grande échelle, sous forme de solution, partout et même jusque dans les habitations des zones rurales et périurbaines. Avec quelque 10 000 cas enregistrés en 2005 et plus d'un millier rien qu'en janvier 2006, ce n'est pas peu dire que le clou de Biskra est devenu un problème de santé publique dans les Ziban, wilaya qui détient le record national des personnes atteintes de leishmaniose cutanée ; c'est la région de Sidi Okba qui est la plus touchée dans la wilaya de Biskra. Curieusement ce ne sont plus les enfants qui en pâtissent le plus parmi la population, mais les 20-40 ans, des fellahs et autres ouvriers agricoles exposés de par leurs travaux en plein air aux piqûres du phlébotome. Connue depuis la nuit des temps, cette affection cutanée spécifique à la région de Biskra ne commença à intéresser les scientifiques qu'au début du siècle dernier. Et à propos du phlébotome, c'est en 1933 que les frères Sergent (ils dirigeaient à l'époque l'Institut Pasteur d'Alger) ont mis en évidence, de façon irréfutable, la transmission du clou de Biskra par ce moucheron en ... « se faisant inoculer sous la peau abrasée de leurs avant-bras, des broyats de phlébotome femelle de la région de Biskra » !