Le président américain, Barack Obama, qui a succédé à lui-même, entame officiellement son second mandat. Et d'ores et déjà les questions se posent : que fera-t-il durant les quatre prochaines années ? Ou encore, que fera-t-il de son second et dernier mandat ? Une règle non écrite veut que le second ait une toute autre signification, puisqu'il doit aider celui qui l'exerce à entrer dans l'histoire. Et au sujet de Barack Obama, il serait aisé de dire que le comité Nobel qui lui a attribué le prestigieux prix, alors même qu'il entamait son exercice à la tête de la première puissance mondiale, le pousse dans cette voie. «Faites la paix» semblait être le message de ce comité, lequel faisait, pour la première fois de son existence, preuve d'anticipation. Il est vrai que deux discours, l'un au Caire et l'autre à Prague, à travers lesquels M. Obama venait d'inaugurer son mandat, mais aussi donner sa vision du monde, ne sauraient remplacer des actes. Il est vrai aussi que M. Obama, sans même attendre son investiture officielle en janvier 2009, s'était déjà exprimé sur la question palestinienne en pleine agression israélienne contre la bande de Ghaza, qui avait fait 1400 tués palestiniens, appelant à l'urgence de son règlement, avait pris en main ce dossier, entamé les premières démarches et désigné un émissaire. C'était alors le début d'un parcours que l'on croyait porté par un discours fondamentalement nouveau, l'Amérique considérant pour la première fois que la persistance de ce conflit mettait en danger ses propres intérêts. L'autre élément nouveau est que ce discours était aussi développé par la hiérarchie militaire américaine. Comme promis par le vice-président, Joe Biden, les dirigeants israéliens ont entendu un nouveau discours, sauf que l'Amérique n'ira pas au-delà, le processus étant contrarié par Israël qui a refusé de respecter les convenances en annonçant la relance de la colonisation, alors même que ses dirigeants recevaient M. Biden. Le processus sera alors bref et non concluant. Qu'en sera-t-il cette fois ? Faut-il rechercher les réponses dans la position israélienne ? Tout d'abord, ses dirigeants n'ont pas caché leur choix pour l'adversaire de M. Obama lors de l'élection présidentielle de novembre dernier. Et depuis peu, ils en sont à décortiquer le parcours des personnalités qui devraient composer le nouveau gouvernement américain. A l'image du futur ministre de la Défense, Chuck Hagel, dont le choix a été critiqué par le président du Parlement israélien. Ces craintes sont répercutées par la presse israélienne qui présente ce choix comme «le pire cauchemar» pour le gouvernement israélien. S'éloignant de cette vision restreinte, il en est qui soulignent que le choix de M. Obama repose sur une stratégie américaine globale, dans laquelle Israël n'entre pas en ligne de compte, et non pas un acte de vengeance pour ceux qui considèrent que le Premier ministre israélien «Netanyahu a peut-être facilité la nomination de Hagel», en allusion au soutien qu'aurait donné M. Netanyahu à Mitt Romney. Pour ceux qui le connaissent, Chuck Hagel incarne une autre vision qui tranche fondamentalement avec l'approche interventionniste israélienne au sujet de l'Iran à titre d'exemple, faisant dire qu'il «ne sera pas facile à partir de maintenant d'obtenir le feu vert de Washington pour s'embarquer dans une aventure en Iran». Egalement pour son soutien au dialogue avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, alors qu'il lui est reproché d'avoir parlé de «lobby juif» et affirmé qu'il n'était «pas un sénateur israélien». Mais lui, l'ancien sénateur, assure qu'il n'avait pas voté pour certaines résolutions soutenues par des organisations pro-israéliennes parce qu'elles étaient «contreproductives». Cependant, cela ne veut pas dire que l'homme appliquera sa propre politique. C'est pourquoi ne cesse-t-on de se demander : y a-t-il une nouvelle politique américaine ? Il en est qui n'hésitent pas à parler de nouvelle doctrine américaine, avec une vision que l'on dit graduellement développée depuis 2009 par le président Barack Obama lors de différentes interventions dont celles du Caire et de Prague, mais aussi des révisions. L'inquiétude israélienne en est au moins un signe.