Le Quartette prompt à condamner la population palestinienne pour ses choix devient subitement sans voix devant les menaces du tout nouveau Premier ministre israélien qui refuse toute négociation. Il donne lui aussi sa préférence à une solution unilatérale, donc au détriment des Palestiniens. Il ne sert donc à rien de clamer son respect pour la légalité internationale quand celle-ci est appliquée au cas par cas, ou plus simplement à la carte. Fort de sa victoire électorale et plus précisément des choix de l'électorat israélien contre la paix, Ehud Olmert estime que « le temps est venu » d'un règlement unilatéral du conflit israélo-palestinien prévoyant qu'une partie des territoires de Cisjordanie soit sous contrôle de l'Etat hébreu, dans une interview à deux journaux américains. Ehud Olmert, dont le parti Kadima a remporté les élections législatives du 28 mars et qui va former le prochain gouvernement israélien, déclare dans une interview accordée au Washington Post et à Newsweek, qu'Israël n'est pas disposé à « attendre pour toujours ». Où sont donc les accords internationaux dont se prévaut le Quartette qui a raté l'occasion de se crédibiliser en renonçant à ses propres engagements, le plus manifeste étant la création d'un Etat palestinien en 2005 ? Le délai est dépassé, mais il s'est accommodé d'un retrait israélien de la bande de Ghaza qui n'a plus désormais de caractère stratégique. « Le temps est venu d'un changement et je suis absolument déterminé à le réaliser », a dit le dirigeant israélien. « Je pense que le moment est venu, je pense que les électeurs israéliens sont prêts », a-t-il ajouté. Refusant de fixer un quelconque calendrier concernant une reconfiguration de l'occupation et de la colonisation israéliennes en Cisjordanie, il a toutefois souligné que cette tentative de règlement unilatéral, si elle intervenait, se ferait selon toute vraisemblance pendant la présidence de George W. Bush. Bush, qui constitutionnellement n'a droit qu'à deux mandats, quittera la présidence américaine en janvier 2009. « Je pense qu'il y a une occasion maintenant qui n'a jamais existé auparavant », a estimé M. Olmert. « Cela en raison d'une combinaison de l'opinion publique en Israël, de mon engagement et de la compréhension et du soutien futur du président George W. Bush. » Ce qui se passe de commentaires, puisque cette combinaison de facteurs n'est pas nouvelle. Elle existe depuis au moins avril 2005, quand l'ancien Premier ministre israélien avait présenté au président Bush son plan de retrait de Ghaza, comprenant ce qu'Israël appelle des compensations, c'est-à-dire l'annexion de nouveaux territoires palestiniens. Le plan d'Ehud Olmert prévoit un regroupement des colonies juives en plusieurs cantons en Cisjordanie qui deviendraient territoires d'Israël. Les Palestiniens auraient la possibilité de créer leur propre Etat sur ce qui reste de Cisjordanie. Le leader israélien affirme qu'ils bénéficieraient d'une « continuité » territoriale. Ce sera l'Etat confettis ou encore un semblant d'Etat non viable et qui sera loin de correspondre aux revendications des Palestiniens. Une nouvelle injustice.