Israël mène à ciel ouvert une opération d'épuration dans la bande de Ghaza. Plus de 60 morts comptabilisés dans le camp de Jabaliya et dans la ville de Beit Hanoun au nord de la bande de Ghaza entre jeudi et hier dans des opérations punitives de l'armée d'occupation israélienne et cela dans un silence qui frise la complicité, de la communauté internationale. Une nouvelle fois Israël frappe les territoires palestiniens occupés sans que cela semble déranger outre mesure un Occident pourtant prompt à s'émouvoir pour la mort de chaque Israélien. Aussi, le ministre palestinien chargé des Négociations, Saab Erakat, constate-t-il avec amertume: «Malheureusement, la réponse de la communauté internationale n'a jusqu'à présent pas été à la hauteur de la situation». Pouvait-il en être autrement en fait, lorsque l'Etat hébreu est érigé, par cette communauté internationale, en Etat au dessus des lois internationales qui, semble-t-il, ne peuvent être appliquées ni ne sont applicables à Israël. On l'a bien vu par le fait qu'Israël a impunément ignoré les nombreuses condamnations et résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU parce que la communauté internationale n'a rien fait pour qu'il en soit autrement comme elle a pu imposer le droit international à de nombreux Etats dans le cas de violation du droit et des lois internationaux. Aussi, que peuvent aujourd'hui les Palestiniens impuissants à faire valoir leur droit à un Etat indépendant comme tous les autres peuples du monde. Hier, le cabinet palestinien a décrété l'état d'urgence après l'opération de l'armée israélienne contre le nord de la bande de Ghaza dans laquelle des chars, des blindés et l'aviation ont été mobilisés. De fait, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon a donné mardi le feu vert à l'armée israélienne l'autorisant à faire preuve «d'agressivité continue» dans l'opération punitive engagée contre le peuple palestinien. De fait, le porte-parole du gouvernement israélien déclarait à ce propos «Ce que nous avons vu aujourd'hui va continuer. Nous n'avons pas de limitation dans le temps». Et pour cause! La communauté internationale ne disant mot, Israël peut, en toute quiétude, continuer à tuer les Palestiniens. Aussi, face aux crimes d'Israël à Ghaza, le gouvernement palestinien a décrété hier l'état d'urgence, indiquant dans un communiqué que «Le cabinet a décrété l'état d'urgence sur l'ensemble des territoires palestiniens afin de venir en aide à la population de la bande de Ghaza victime d'horribles crimes commis par l'armée israélienne». Le cabinet en appelle, dans le même communiqué, au Quartette «Nous appelons la communauté internationale et le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, ONU et Russie) à intervenir immédiatement afin d'assurer la protection de notre peuple». Saab Erakat a par ailleurs fait le parallèle avec ce qui s'est passé en Cisjordanie il y a deux ans indiquant «Ce qui se passe à Ghaza constitue une répétition de la réoccupation décidée, il y a deux ans, de la Cisjordanie par Ariel Sharon». Encore une fois, les Palestiniens se trouvent seuls face à l'adversité et aux crimes commis contre eux par Israël. Aussi, il est à craindre que l'appel pathétique du président palestinien, Yasser Arafat au monde, demeure sans écho, sinon sans effet. M.Arafat a ainsi appelé hier les pays du monde à aider les Palestiniens indiquant: «J'appelle le monde entier à agir immédiatement et rapidement pour stopper l'attaque criminelle et raciste lancée par l'armée israélienne (dans le nord de la bande de Ghaza)» ajoutant: «Il s'agit d'une attaque sauvage, criminelle et inhumaine contre notre peuple au cours de laquelle 63 martyrs sont tombés et plus de 170 personnes ont été blessées, sans compter les martyrs dont les Israéliens ne veulent pas rendre les corps». Dans cette situation difficile que traversent les Palestiniens, les Arabes, encore une fois, se singularisent par leur silence aussi coupable que celui de la communauté internationale qui ne fait rien, alors qu'elle en a les moyens, pour arrêter les crimes d'Israël dans les territoires palestiniens occupés. Aussi, la réunion «extraordinaire» aujourd'hui, au niveau des experts, de la ligue arabe pour débattre de cette question ne risque pas d'apporter du nouveau si ce n'est les habituelles condamnations convenues qui ne soulageront en rien le peuple palestinien qui subit quotidiennement le martyre de l'occupation depuis des décennies.