«Il est urgent d'entrer dans une phase politique incluant le MNLA et d'organiser une table ronde réunissant toutes les parties concernées par la lutte contre les groupes terroristes au Nord-Mali» et la stabilité de cette région «avant que non seulement l'Azawad mais aussi le nord du Niger ne s'embrasent», ont indiqué, hier, François Alfonsi, député européen du groupe Verts/ALE, et Moussa Ag Assarid, représentant le MNLA. Paris De notre correspondante Dans une conférence de presse destinée à «tirer la sonnette d'alarme sur une situation qui était prévisible, celle qui expose la population touareg à des exactions de l'armée malienne», le député européen François Alfonsi a dénoncé «l'absence inqualifiable de réaction des autorités françaises sur ces exactions». Il a aussi affirmé qu'«il est temps de briser une illusion à Bamako, qu'une intervention militaire peut rétablir le Mali d'avant». «Nous sommes au début d'une guerre civile qui vise essentiellement les Touareg et les Arabes», a indiqué Moussa Ag Assarid. «Nous avons relevé plusieurs disparitions. Des réfugiés ont été rackettés, privés de leurs biens et de leurs véhicules à la frontière du Burkina Faso et du Niger. L'aspect humanitaire de cette intervention militaire n'est pas pris en compte. Les civils qui fuient vers les pays voisins se comptent d'ores et déjà par milliers», a ajouté Moussa Ag Assarid avant de rappeler que le MNLA – qui «est monté au feu contre le Mujao et AQMI il y a un mois» – a fait des propositions aux responsables politiques français pour stabiliser et sécuriser le nord du Mali. Lorsque les événements se sont précipités du côté de Konna et de Djabali, le MNLA a fait une déclaration pour dire sa disposition à se joindre à la lutte contre les groupes terroristes au Nord-Mali, a-t-vil ajouté. «Le MNLA, c'est plusieurs milliers de combattants, ils sont plus nombreux aujourd'hui qu'en janvier 2012.» Et de préciser que «le MNLA n'est pas une rébellion ethnique touareg», qu'«il est composé de toutes les communautés de l'Azawad», qu'«il lutte contre le système antidémocratique malien» et qu'«il n'a pas d'idéologie religieuse». Moussa Ag Assarid a aussi affirmé que «depuis le début, le MNLA souhaite le dialogue avec les autorités maliennes», rappelant la rencontre du 7 décembre à Ouagadougou puis celle du 21 janvier à laquelle Bamako n'a pas cru bon de dépêcher des représentants. Il a aussi dit que le terrorisme n'a pas surgi en 2012 dans la région, il remonte à 2003, «la lutte contre le terrorisme aurait dû commencer il y a dix ans». «Nous voulons être dans une dynamique globale qui prend en compte une solution politique mais aussi sécuritaire au Nord-Mali. Nous discutons avec les autorités maliennes par le biais du médiateur, nous avons été reçus au Quai d'Orsay et dans un certain nombre de chancelleries occidentales et africaines. Il faut que nous nous asseyions à une table avec les autorités maliennes, sinon on considère que le Mali a légué cette responsabilité à la France et alors il faudra négocier avec la France.» Il n'y a pas de conditions préalables à ces négociations, a souligné Moussa Ag Assarid, mais il faut que ces négociations aient lieu. Si l'armée française arrive à Léré et Tombouctou, les Touareg du Niger se sentiront concernés, ils sont dans le même état d'esprit, a-t-il prévenu. Et «leur réaction dépendra de la façon dont la France va réagir». Quant à la médiation burkinabé, «elle est toujours active, c'est le Mali qui est absent, son porte-parole aujourd'hui c'est la France», a affirmé le représentant du MNLA.