Il était en quelque sorte le bras droit de Messali Hadj en sa qualité de secrétaire général de l'Etoile nord-africaine, à partir de mai 1933. Cet autodidacte était aussi le responsable du journal El Oumma. S'il est cité dans les livres d'histoire qui évoquent les premières années de ce parti qui, dès sa création, militait ouvertement pour l'indépendance de l'Algérie, l'homme sera victime de l'oubli. Affaibli par la maladie, il s'était retiré de la vie politique et a vécu ses dernières années dans son village natal d'Aït Mesbah, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il est décédé en 1960. La parution récente d'un ouvrage aux éditions Odyssée où sont réunis quelques-uns de ses écrits, notamment cinq brochures, lève quelque peu le voile de l'occultation. Nous nous sommes rapprochés de deux de ses enfants, Mohamed et Chabane, qui ont voulu évoquer le contenu du livre qu'ils viennent d'éditer et le sens de leur initiative. «Sur la question de l'indépendance nationale, Amar Imache est sans concession. Il dénonce vigoureusement le projet Blum-Violette qui prônait l'assimilation». Front et affront «En refusant de donner son accord sur la question des Brigades internationales qui devaient aller combattre en Espagne, il défia ouvertement le Front populaire qui venait d'accéder au pouvoir en 1936. C'est ce même Front populaire, en complicité avec d'autres courants politiques, qui prononce la dissolution de l'Etoile nord-africaine en janvier 1937, dans le but d'éliminer les militants indépendantistes», précise Mohamed Imache. «Le livre publié en 1986, intitulé Le Cri du révolté - Imache Amar. Un Itinéraire militant, a certes permis de cerner globalement la trajectoire politique de notre défunt père, mais il manque quelques pierres à l'édifice, malgré toute la bonne volonté de M. Carlier. D'autre part, le travail au niveau de l'édition de ce livre a été un désastre. Outre les nombreuses fautes d'impression qu'il contient, il porte une couverture avec une caricature horrible et repoussante», ajoute Chabane. L'autre fils du défunt estime que «l'histoire doit être écrite par des historiens, sans parti pris ou attaches partisanes. Il n'appartient pas aux membres de la famille des personnages d'écrire l'histoire. Mais parfois, quand les spécialistes du domaine ne jouent pas pleinement le jeu, les membres de la famille essaient tant bien que mal de s'acquitter d'une tâche qui ne leur incombe pas, avec tous les risques qui peuvent en découler.» Au nom du père Par ailleurs, sur la vie de d'Imache Amar durant la guerre de libération, ses deux enfants racontent : «A partir de 1951, l'état de santé de notre père s'était complètement dégradé (100% d'IPP), il était donc immobilisé à la maison. Quand il pouvait se déplacer (à l'aide d'une canne), il sortait sur la place du village (Tajmaït) pour lire le journal et donner quelques informations aux vieux qui étaient en sa compagnie. Il rassurait les villageois en leur disant que la guerre allait bientôt se terminer et que la paix reviendrait. Des responsables de l'ALN/FLN venaient parfois la nuit discrètement chez nous et discutaient avec lui. Notre neveu, le chahid Hatem Lounès, du même village, organisait ces rencontres. Le jour où ces officiers allaient venir chez nous, notre père prenait toujours la précaution de nous éloigner de la maison et nous envoyait passer la nuit chez des cousins, afin d'éviter que nous en parlions aux gamins de notre âge, lesquels, à leur tour, en parleront et les militaires français finiront par le savoir. Et cela jusqu'à sa mort, le 7 février 1960. Ce n'est que beaucoup plus tard que nous avions appris par notre mère», et de poursuivre : «Quand on oublie un homme de cette envergure, non seulement on commet une injustice, mais on trahit l'histoire.».