Retour au calme à Ghardaïa. Après une vive tension engendrée par des affrontements entres jeunes des deux communautés, mozabite et arabophone, la ville a repris son rythme de vie habituel hier matin. «La situation s'est calmée. Les affrontements ont cessé vendredi vers 21h. Mais les gens restent sur leurs gardes, notamment à Melika qui a été le théâtre d'affrontements entre jeunes arabophones venus du quartier Hadj Messaoud et habitants de la cité. Ils ne veulent pas baisser la garde», explique un témoin sur place. C'est ce que confirme Kamel-Eddine Fekhar, représentant de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) dans cette wilaya : «Il y a toujours une tension. Mais le calme est revenu. La police est intervenue hier soir (vendredi, ndlr) et a arrêté une dizaine de jeunes.» Et d'ajouter : «J'espère qu'il n'y aura pas de nouveaux développements», en dénonçant ce qu'il appelle «la manipulation de cette tension entre Mozabites et arabophones». «La solution à ce problème est simple. Il suffit que les services de l'ordre fassent convenablement leur travail», estime-t-il. Au-delà des escarmouches entre jeunes des deux communautés qui donnent souvent suite à un important conflit tribal, il y a, estime-t-il, une raison essentielle : «Il s'agit des spoliations des terrains appartenant à des Mozabites. Ce sont soit les pouvoirs publics, soit des personnes venues d'autres wilayas ou de quartiers voisins qui sont à l'origine de ces spoliations. Et souvent, les propriétaires des terrains n'obtiennent aucune réparation. Il y a des dizaines de dossiers qui n'ont jamais été traités.» Selon M. Fekhar, à chaque fois que la communauté mozabite dénonce ce genre de pratiques, «le conflit resurgit». «La dernière réaction de la communauté arabophone est intervenue quelques jours seulement après une manifestation des Mozabites de Melika contre les spoliations de terrains», soutient-il. Est-ce l'unique problème ? Pourquoi les autorités n'arrivent-elles pas à trouver une solution durable à ce conflit ? Les réponses seront peut-être données aujourd'hui à l'occasion de la visite, dans la wilaya de Ghardaïa, d'une délégation composée des ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture et des Ressources en eau. Certes, la visite ministérielle a été programmée il y a plusieurs jours, mais les responsables du gouvernement, en particulier le ministre de l'Intérieur, devraient demander des explications sur les derniers événements aux responsables locaux.