Selon le responsable de la LADDH à Ghardaïa, des jeunes du quartier Hadj Messaoud (à majorité arabophone) se sont attaqués à des habitations et des édifices publics du quartier Melika (à majorité mozabite). Nouvelle tension à Ghardaïa. Le conflit entre les deux communautés, Mozabites et arabophones (chaâmba), resurgit et risque de s'aggraver. En effet, cette ville connaît, depuis jeudi, de violents affrontements opposant des jeunes arabophones et Mozabites au quartier Melika, à 2 km du chef-lieu de la wilaya. C'est ce que nous avons appris, hier après-midi, de sources locales. «Actuellement (hier après-midi, ndlr), je vois de la fumée qui monte de ce quartier. C'est vraiment préoccupant. Je ne sais pas qui veut allumer à nouveau le feu à Ghardaïa», a déclaré Kamel-Eddine Fekhar, responsable de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) à Ghardaïa. Selon lui, la tension est montée d'un cran, hier, après la prière du vendredi. Des jeunes du quartier Hadj Messaoud (à majorité arabophone), raconte-t-il, se sont attaqués à des habitations et des édifices publics du quartier Melika (à majorité mozabite). «Une quarantaine de jeunes habitant Hadj Messaoud, munis de bâtons et de barres de fer, sont montés à Melika et se sont attaqués à plusieurs maisons. Ils ont attaqué également des maisons appartenant aux Mozabites au quartier Hadj Messaoud et ont détruit même certains vergers», révèle un témoin, contacté par téléphone. «Quatre maisons appartenant à des Mozabites ont été incendiées et les forces de l'ordre ont encerclé cette partie du quartier. Mais les services de sécurité ne sont pas intervenus à temps pour éviter ce genre d'affrontement», ajoute la même source, précisant que quatre jeunes ont été arrêtés par la police. Kamel-Eddine Fekhar confirme. Le représentant de la LADDH dénonce, dans ce sens, «l'inertie des autorités locales et la non-intervention des services de sécurité pour éviter à la population locale cet affrontement qui s'est soldé déjà, selon lui, par des blessés (8 à 10 blessés)». «On n'a pas retenu la leçon de Berriane. On dirait qu'il y a des gens qui veulent un nouvel embrasement de la situation dans la wilaya», déplore-t-il. Pour lui, cette tension a commencé il y a trois jours. Raison : une bagarre entre des élèves du lycée Moufdi Zakaria. «L'association des parents d'élèves est intervenue sur-le-champ pour calmer les esprits. Cela s'est passé le 22 janvier. Mais depuis jeudi, les choses ont évolué», précise-t-il. Kamel-Eddine Fekhar affirme vouloir alerter l'opinion publique et les autorités afin d'éviter un remake des événements de Berriane. «C'est peut-être Berriane bis. C'est ainsi que les choses avaient commencé là-bas. C'étaient des gamins qui se lançaient des pétards le jour du Mawlid. Les troubles ont duré par la suite pendant deux ans et les affrontements ont fait des morts», souligne-t-il. Au moment où nous mettons sous presse, la situation, selon nos sources, s'est calmée. «Mais on craint toujours une reprise des affrontements durant la nuit», affirme notre source, qui rappelle le scénario des événements de Berriane, entre 2008 et 2009. Ce conflit opposant deux tribus, rappelons-le, s'est soldé par des morts et de nombreux blessés. A cette époque, les autorités, en particulier des responsables du ministère de l'Intérieur, ont fait plusieurs déplacements dans la wilaya et réussi à convaincre les notables des deux communautés à signer un accord commun pour mettre fin «aux hostilités».