Les affrontements entre communautés mozabite et arabe ressurgissent à Ghardaïa. Si leur intensité a baissé hier d'un cran, selon des sources locales, il n'en demeure pas moins que la tension reste palpable après ces violences qui ont débuté jeudi et se sont poursuivies jusque tard dans la nuit de vendredi, faisant, estime-t-on, une quinzaine de blessés et causant des dégâts considérables aux biens privés et aux édifices publics. Tout a commencé jeudi, affirme Khoudir Sekhouti, membre de la section locale de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), joint hier au téléphone, expliquant qu'un mur séparant des lopins de terre érigé au niveau d'une palmeraie par les arabophones de Hadj Messaoud qui a été détruit est à l'origine des affrontements. «Ayant retrouvé dans la matinée de jeudi le mur complètement écroulé, les habitants de Hadj Messaoud (arabophones), une quarantaine de jeunes, sont montés à Ksar Melika et s'en sont pris aux biens des Mozabites», raconte notre source, précisant que «mêmes les animaux n'ont pas été épargnés». Malgré les appels au calme des notables des deux communautés qui ont également pris le soin d'alerter les autorités locales (chef de daïra, wali…), les violences ont redoublé d'intensité dans l'après-midi de jeudi. Notre interlocuteur n'hésitera pas à évoquer «une manipulation», dans la mesure où des affrontements similaires ont été enregistrés, selon lui, non loin de Ksar Melika, à Ksar Bounoura. Déplorant l'absence des services de sécurité (alertés) au début des affrontements, notre source relate que leur intervention tardive leur a aussi coûté des blessés dont le nombre reste selon lui à déterminer. «Les assaillants se sont déchaînés et ont pris à partie les agents des forces de l'ordre», affirme Khoudir non sans rappeler le «scénario de Berriane en 2009». «Le summum de la violence a été atteint vendredi, après la prière, lorsque les jeunes de Hadj Messaoud ont carrément attaqué à coups de pierres et des barres de fer les maisons et les personnes, et saccagé des véhicules particuliers appartenant aux Mozabites», affirme notre source, qui dit être en contact permanent avec les autorités locales, et qu'une quinzaine de blessés a été dénombrée dans les rangs des Mozabites qui ripostaient pour se défendre». Même après que les services de sécurité ont dépêché des renforts qui ont usé de bombes lacrymogènes pour disperser les jeunes déchaînés, la violence n'a pas cessé de sitôt. «Il cassaient tout ce qui se trouvait sur leur passage et devant le commissariat de police», explique notre source, précisant que le calme revenait peu à peu dès la tombée de la nuit. «Aujourd'hui (hier, ndlr), c'est plutôt calme mais tout le monde est sur le qui-vive», explique Khoudir, qui attend beaucoup de la visite que devrait effectuer aujourd'hui le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales en compagnie d'autres ministres. «Nous attendons avec impatience cette visite. Nous avons déjà en tant que Ligue constitué une délégation pour rencontrer le ministre de l'Intérieur auquel nous ferons part de nos revendications et de nos inquiétudes», dira-t-on. Berriane, autre localité de Ghardaïa, a, pour rappel, connu des affrontements similaires en 2009 qui ont même fait 2 morts et une soixantaine de blessés. Les notables des deux communautés et les autorités locales avaient affiché leur volonté, en présence du ministre de l'Intérieur actuel (il était ministre délégué), de «trouver une solution durable».